Le rideau s’ouvre sur une scène dénudée. Sur un fond bleu, une none affublée d’un extravagante cornette s’élance et virevolte avant d’égrener quelques notes sur les joies de partir en croisière. Le "la" est donné : Panique A Bord n’est décidément pas un spectacle qui se prend au sérieux. Une galerie de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres se présentent en chanson. Le couple de province en quête de frissons, le commandant de bord hystérique, la petite frappe cherchant à détrousser une nouvelle victime et la chanteuse de cabaret un peu trop virile.
L’équipe du Cabaret des Hommes Perdus nous livre ici un divertissement très léger mais intelligent, infiniment drôle, et qui ne manque pas de rythme. Stéphane Laporte au livret et aux paroles rivalise de jeux de mots et de répliques savoureuses qui resteront dans les esprits un moment. Au piano, sur scène avec son petit costume marin, Patrick Laviosa, qui n’a rien à prouver, livre une composition sobre et élégante avec des morceaux de choix. La mise en scène d’Agnès Boury est sans défaut : sobriété et efficacité sont ses maîtres-mots. Enfin, le cast, dynamique et complèmentaire contribue également à la grande qualité de l’ensemble.
Vincent Heden (Tintin et Milou : Le Temple du Soleil, Un Violon sur le Toit), en Kévin détrousseur et racoleur, nous cloue sur place avec notamment un numéro épatant par son coffre et son second degré (une mise en abîme sur les comédies musicales à tomber par terre), une vraie performance ! Ariane Pirie (Créatures, Les Hors la Loi) est délicieuse dans un rôle alambiqué où la comédienne donne beaucoup de sa personne, pour nos plus grand plaisir. La palme de la fantaisie revient cependant à Christine Bonnard (Nonnesens, Un Violon sur le Toit) qui met une énergie incroyable dans un rôle délicieusement décalé.
Malgrè une fin peut-être un peu poussive, Panique A Bord est une opérette réussie sur tous les plans. On en redemande et on souhaite aux productions françaises d’atteindre le même niveau d’humour, de qualité de mise en scène et de performance musicale. A recommander, en espérant que la présence au Festival Diva permettra à l’oeuvre de prendre un second souffle.