Dans le cadre des découvertes Diva 2009, Jonathan Kerr a présenté sa nouvelle comédie musicale, Chante Moby Dick, librement inspirée du célèbre personnage d’Hermann Melville. Affichant à nouveau complet, la péniche Opéra était le lieu phare on ne peut plus approprié pour cette aventure marine.
Une baleine baptisée Moby Dick a fait chavirer le bateau du Capitaine Achab le laissant seul rescapé et amputé d’une jambe. A bord du Pequod, le vieux loup de mer erre dans sa cabine hanté par une seule obsession : se venger. La chasse morbide du démoniaque cétacé constitue le seul désir qui le maintient encore en vie. Il mène sa quête en compagnie d’un jeune matelot candide, et d’une andalouse hantant ses rêves. Ce personnage énigmatique représente sa vie passée qu’il aimerait retrouver, mais à laquelle il ne parvient plus à aspirer. Tous deux essaient de le dissuader pour le sauver d’une mort certaine, mais son délire obsessionnel le rend sourd à ces tentatives.
Totalement immergés dans cet univers aquatique au moyen d’effets sonores très variés, les spectateurs ont été littéralement embarqués à bord du Pequod pour suivre les péripéties du capitaine à la jambe d’ivoire. Même si on pourra regretter le recours à une bande son pour la représentation, les musiques, arrangées par Roger Loubet, contribuent grandement à créer cette ambiance puissante. En terme de rythme, la première partie du spectacle est très lente, marquée par des scènes assez longues de théâtre et des monologues, tandis que la deuxième, plus musicale, happe littéralement le spectateur qui assiste, impuissant, à la descente aux enfers du capitaine Achab.
Jonathan Kerr a su s’entourer d’un casting de très haut niveau pour cette lecture, et c’est avec un trio magique que nous avons passé la soirée. Ainsi, Sophie Delmas (L’ombre d’un géant, Dothy et le magicien d’Oz) incarnait la mystérieuse andalouse, Laurent Malot (Soweto) un marin proche du capitaine, et Jonathan Kerr lui-même un capitaine Achab torturé à souhait. On saluera particulièrement la performance magnifique de Laurent Malot, fraichement arrivé dans le monde de la comédie musicale, mais dont les talents constituent une garantie de le revoir prochainement.
En outre, un narrateur évoquait les éléments de décor à venir au fur et à mesure de la lecture, témoignant d’une vision très claire de Jonathan Kerr de la future mise en scène du spectacle. Celui-ci a déjà démontré ses talents dans ce domaine, créant des ambiances très singulières au moyen d’effets sonores et lumineux dans des mises en scènes très épurées. On se souviendra notamment de Camille C., qui avait séduit les professionnels du théâtre en remportant le Molière de l’inattendu en 2005 pour son originalité. Le festival Les Musicalsvous donnera d’ailleurs l’occasion de découvrir ou redécouvrir ce magnifique spectacle du 21 au 26 juillet au Trianon.
Chante Moby Dick est incontestablement un spectacle plein de promesses. Ainsi, le spectateur chavire pendant plus d’une heure aux émotions du vieux capitaine.
A l’issue de la représentation, l’émotion était palpable dans la salle, qui a chaleureusement applaudi cette pièce atypique. Espérons que l’on puisse découvrir ce spectacle dans sa version finale dans les prochains mois, et que celui-ci rencontre le même succès que Camille C.
Co-auteurs : Sophie Dussaussoy, Stephany Kong, Samuel Sebban
Crédits photos : Sophie Dussaussoy
Toutes les actus et les comptes-rendus sur notre page dédiée aux Découvertes Diva 2009.