Hier soir se déroulait donc la lecture de Ginger Circus au Théâtre du Petit Saint Martin de Paris, dans le cadre des découvertes Diva 2011. Il s’agissait de la toute première présentation de ce projet, et le moins que l’on puisse dire est que le spectacle de Pascal Bolantin a attiré les curieux : le petit mais chaleureux théâtre parisien affichait complet pour l’occasion !
Ginger Circus, de quoi ça parle ? L’action se déroule en 2068. Le général Biscotte est à la tête des États Unis d’Europe, et, en tout bon despote qui se respecte, il fait régner la terreur sur la population. En particulier, la police musicale arrête et déporte tout artiste qui serait pris à jouer, écrire ou chanter de la musique subversive, qui pronerait autre chose qu’ordre, travail et obéissance. L’action se déroule en huis clos, dans l’agence Paul emploie, dirigée justement par Paul (Bernard Chatreau), fervent admirateur du régime. C’est ici que Ginger (Anandha Seethanen), bien aidée par le poète musical Alexis (Pascal Bolantin) et par les siamoises Pat et Cat (Nelly Célérine et Marianne Viguès), va fomenter la révolution qui changera peut-être la destinée du peuple…
Autant le dire tout de suite : celle lecture est une excellente surprise ! Un vent de fraîcheur soufflait hier dans le Xème arrondissement de Paris, et le public a visiblement été séduit par la lecture déjà franchement aboutie de cette pièce jubilatoire. En même temps, comment ne pas l’être ? Le texte est drôle, impertinent, et évite de tomber dans la facilité ou le mauvais goût. La critique de certains aspects de notre société est efficace et drôle, tout en conservant une part importante d’autodérision parfaitement assumée…
Les personnages sont sublimes, admirablement campés par les cinq interprètes. En particulier, les sœurs siamoises jouées par Nelly Célérine (Le Roi Lion ; Les Indifférents) et Marianne Viguès (Coups de foudre) sont absolument géniales. Outre les impressionnante performances de comédiennes, c’est tout le mérite de Pascal Bolantin d’avoir pleinement exploité le potentiel d’un personnage si particulier dans des scènes toujours plus cocasses. Lui-même est plutôt convaincant dans son rôle de poète naïf et impétueux, quand Anandha Seethanen (Le Roi Lion ; Hair) démontre un talent vocal indéniable. Une bonne histoire ne serait pas la même sans un vrai méchant, et Bernard Chatreau est en ce sens une bonne pioche.
Enfin, la musique est originale, entrainante et les harmonies vocales magnifiques : Pascal Bolantin se promène entre swing et gospel en passant par l’inévitable ballade, pour notre plus grand plaisir. La pièce se démarque par un vrai style, une patte insufflée par le compositeur. Peut-être les paroles de certaines chansons pourraient-elles être encore améliorées, mais c’est vraiment pour le plaisir de pinailler !
Néanmoins, dans cet océan de fraîcheur, un léger sentiment de frustration demeure : la fin est un peu bâclée et trop prévisible… Espérons que dans la version qui, on le leur souhaite, sera produite le plus rapidement possible, le spectacle trouvera un dénouement à la hauteur de la qualité du reste du spectacle. Si la mise en scène, les chorégraphies et les costumes sont aussi créatifs que le livret et la musique, si quelques instruments viennent rejoindre le piano parfois un peu seul – mais c’est normal, c’est une lecture – Ginger Circus pourrait constituer une perle rare qui séduira plus d’un spectateur !
Ginger Circus, de Pascal Bolantin
Direction d’acteurs : Ariane Lagneau ; Chorégraphie : Valérie Masset ; Piano : Raphaêl Sanchez.
Avec Pascal Bolantin, Nelly Celerine, Bernard Chatreau, Anandha Seethanen, Marianne Vigues.