À quelques jours de l’annonce de la distribution de La Belle et les Bête, nous publions la suite de la rencontre que Laurent Bentata (Directeur Général de Stage Entertainment France) et Arnaud Cazet (Directeur Marketing et communication) ont accordé il y a quelques temps à nos lecteurs. Après avoir évoqué l’annulation de Mary Poppins, nos lecteurs ont voulu connaître le mode de financement des productions.
Baptiste : De quelle manière sont financés les spectacles comme Sister Act ? On sait qu’il s’agit de théâtre privé et que vous ne touchez donc aucune subvention. D’où viennent vos capacités de financement au-delà des billetteries ?
Arnaud Cazet : Le marché noir, le blanchiment d’argent ! ( éclat de rire collectif)
Laurent Bentata : On a la chance d’être un groupe international donc avec un financement…C’est vrai que la France est un jeune pays en matière de financement mais l’Allemagne est beaucoup plus mature et les Pays Bas aussi donc ça vient alimenter nos caisses…On s’appuie sur des banques aussi, comme n’importe quel autre producteur. Mais ce sont les sources d’autofinancement, les recettes et bénéfices des autres spectacles engendrés, qui créent ce cercle vertueux pour pouvoir produire d’autres spectacles. C’est un travail quotidien pour trouver cet argent et le gérer puisqu’on gère une trentaine de spectacles en Europe. On suit cet exercice financier au quotidien.
Margot : Les ayants droits investissent-ils ?
LB : Non.
Margot : Ils donnent juste leur aval ?
LB : Tout à fait. Ils interviennent sur toute la partie artistique. C’est ce qu’on appelle un achat de licence. Ils touchent des royalties. Mais nous sommes à 100% producteurs du spectacle.
Baptiste : Whoopi Goldberg est coproductrice de la version originale de Sister Act, mais pas de la version française ?
LB : Non.
Baptiste : Quel est le processus de décision du choix du spectacle ?
LB : On a la chance d’appartenir à un groupe avec un portefeuille qui a été négocié. En gros, on fait notre marché à Broadway et Londres. On a ce portefeuille et on fait notre choix là-dessus. Apres concrètement, on crée aussi. Stage a créé Sister Act. Chaque pays, en fonction de ce portefeuille dit : "Je veux ce titre". C’est le travail d’Arnaud Cazet de savoir le potentiel, savoir pourquoi, quels sont les critères. Puis, on fait notre choix. Mais encore une fois, il y a une vraie part de conviction. On fait des études, elles viennent participer en partie à ce choix, mais c’est surtout cette conviction. Je crois à ce spectacle par rapport aux résultats qu’il a pu faire, si c’était un film avant, si ça a fonctionné à l’international aussi, et par rapport au valeurs intrinsèques du spectacle et comment ces valeurs peuvent trouver un accueil favorable du public français. Donc, je ne veux pas dire que c’est compliqué. Ca ne l’est pas. Il ne faut pas qu’on se plante, mais encore un fois, ce n’est pas une science exacte. On essaye de donner toutes les garanties mais il n’y a jamais toutes les garanties. Avec Mamma Mia et Sister Act, on a surfé sur une vague "feel-good show". Ca répondait aussi à un besoin au niveau du contexte de la société française. C’est quelque chose qui est assez fort et ça fonctionne bien. On a tendance à reproduire ce qui fonctionne et ce qui a déjà fonctionné. Ca ne nous empêche pas de pouvoir porter un choix sur un autre titre qui sera peut-être un peu plus compliqué mais, parce ce qu’on estime qu’il y aura un sentiment très fort, une rencontre très forte avec le public.
Lire ou relire les autres parties de la rencontre :
- Partie 1 : L’annulation de Mary Poppins
- Partie 2 : Les modes de financement
- Partie 3 : Les spectacles passés
- Partie 4 : Le choix des spectacles, le contexte français et l’avenir
Revenez très bientôt pour découvrir la suite de cette rencontre.