Alors qu’ils sont à l’affiche de Hansel et Gretel au Palais des Glaces de Paris, Anais Delva et Alexandre Faitrouni nous ont accordé de leur temps pour parler évidemment du spectacle mais aussi de leur choix de carrière. La gaité et la complicité les unissant étant communicatives, nous n’avons pas boudé notre plaisir à les laisser parler, ce qui donne un entretien très dense et intéressant. C’est pourquoi, nous vous le publions en deux parties.
Musical Avenue : C’est votre deuxième spectacle ensemble. Comment se sont passées les retrouvailles ? Qui de vous deux est arrivé en premier ? Est-ce que l’un a choisi de travailler avec l’autre ?
Anaïs Delva : Non, on a passé l’audition ensemble. Ce n’était pas vraiment des retrouvailles car on est amis dans la vie, on passe déjà tout notre temps ensemble.
Alexandre Faitrouni : On se voyait déjà avant. A l’audition, on s’est retrouvé et on a passé l’audition ensemble. Ils ont essayé de combiner tout le monde avec tout le monde. C’est vrai que peut-être, du fait d’être déjà amis, on avait déjà cette complicité. Fallait pas que ça fasse couple, fallait vraiment que ça fasse frère et sœur.
M.A. C’est vrai qu’il y une symbiose, une alchimie…
Anaïs : Oui c’est ce que le metteur en scène, David Rozen, nous a dit. Pour nous, être frère et sœur, ça fonctionnait.
Alexandre : C’est très dur de trouver des adultes qui peuvent jouer des enfants. Ils cherchent vraiment des choses par rapport à la voix, par rapport au corps. Je suis devenu roux pour l’occasion !
M.A Justement, vous avez des frères et sœurs ?
Alexandre : J’ai une petite sœur.
Anaïs : J’ai un grand frère.
M.A. Inconsciemment ça vous a servi pour vos rôles ?
Alexandre : Peut-être… Effectivement, on sait ce que c’est d’avoir un frère ou une sœur. En plus de notre véritable complicité, tout se combine bien.
M.A Est-ce que c’est compliqué de jouer des enfants ?
En choeur : C’est épuisant !
Alexandre : C’est surtout dur le matin. Car ils nous ont écrit des chansons, qui sont superbes, mais qui sont dans les aigus, donc de bon matin… Mais c’est déjà quelque chose dans nos voix.
Anaïs : Moi je la modifie pas mal. C’est fatiguant, car un enfant ne se déplace pas comme un adulte, ne réagit pas comme un adulte. Un enfant a quelque chose de plus brutal, de moins fluide, c’est plus brouillon. Les réactions sont très naïves, exagérées. Il y a quelque chose que nous, adultes, on a perdu, donc il faut le retrouver, notamment dans la corporalité.
Alexandre : On a choisi d’assumer, dès la promotion, que ce sont de jeunes adultes qui jouent des rôles d’enfants.
Anaïs : Il y a un parti pris de David (Rozen, ndlr) de rehausser les adultes, de leur mettre des semelles compensées pour que nous puissions avoir l’air plus petit. Tout est fait pour qu’on paraisse petit, du décor aux costumes…
Alexandre : En même temps on n’est pas très grand, c’est vrai. (rires)
M.A. Que voulez-vous que les enfants retiennent de ce spectacle ?
Alexandre : Qu’il faut garder cette insouciance, cette envie de protection vis-à-vis des autres. C’est beau une relation frère-sœur. Ils se protègent l’un et l’autre. Ici, il y a un grand frère et c’est la petite sœur qui sauve le grand frère.
Anaïs : C’est aussi le gimmick que l’on a : "ferme les yeux Hansel, et laisse faire ton imagination". Dans la vie, finalement, il y a aujourd’hui beaucoup de choses surfaites. Les enfants ont beaucoup d’informations. Ils s’amusent avec des ordinateurs dès trois ans. C’est bien aussi de revenir aux fondamentaux. Il n’y a pas besoin de tous ces artifices-là en fait. On peut juste s’amuser en imaginant. Je suis très triste de voir que cela se perd avec l’évolution du progrès.
Alexandre : C’est un spectacle qui permet de faire travailler l’imagination, l’imaginaire. Il y a un personnage de faune, incarné par Guillaume (Beaujolais, ndlr), qui est fantastique. Il y a aussi cette sorcière qui est colorée et très sombre. Vous nous demandiez tout à l’heure ce que l’on a envie que les enfants ressentent. On n’a pas envie qu’ils aient peur et en même temps, c’est bien qu’ils aient peur, car ça se finit bien. Ca permet de passer par toutes les émotions en sécurité.
Anaïs : C’est un joli message ce spectacle. Il dit qu’on peut avoir ce que l’on désire, il suffit de le vouloir très fort.
M.A. Un album est-il prévu ?
Anaïs : Oui, c’est prévu pour cet été. On passe bientôt à l’enregistrement… Ce que je trouve qui est bien dans ce spectacle, c’est qu’on est dans une mise en scène très réaliste. Dans les autres spectacles de David Rozen, on est dans des choses dingues, des paillettes. Ici, on est plus théâtral, dramatique, plus vrai. Ce sont des couleurs plus sombres. C’est la vie, la vraie. Je trouve ça très poétique justement, cette touche d’imaginaire dans cet univers réaliste.
Alexandre : On est dans les premières, ça se rôde encore. On a encore quelques problèmes techniques. Mais tout est très premier degré.
Anaïs : Au début on avait peur ! Quand on répète, on ne se rend pas compte mais au premier public on se dit "Ah, c’est quand même vachement dur comme histoire !". Est-ce qu’on va perdre les petits justement parce qu’ils sont habitués à des choses plus édulcorées ? Et en fait, non, ils sont hyper réactifs, attentifs, ils sont dedans jusqu’au bout.
M.A. Comment gérez-vous vos emploi du temps ? Anais, tu étais sur Spamalot ?
Anaïs : Justement j’ai arrêté Spamalot. Fin 2013, j’avais quatre spectacles en même temps (Spamalot, Kid Manoir 1, la tournée de Robin des bois la légende ou presque, Hansel et Gretel). Ce n’était plus possible. Aujourd’hui, je garde juste Hansel et Gretel car j’adore. Et sinon il y a eu La Reine des Neiges. Et là je bosse sur mes propres chansons. Je sors justement un duo avec Julien Loko ("Tout ça n’est pas très grave", ndlr) et un clip pour la Saint Valentin ("Le petit sourire", ndlr)… Avec Alexandre justement dans le clip ! Et plein d’autres personnalités du spectacle musical. Voilà, maintenant je bosse sur les projets perso.
Regardez le clip d’Anaïs Delva "Le petit sourire" avec Alexandre Faitrouni :
M.A. Alexandre, tu es sur La Belle et la Bête également. Pourquoi cumuler avec un spectacle pour enfants ?
Alexandre : Premièrement, on est tous un peu fou et deuxièmement, c’est un spectacle qui m’a séduit et pour lequel j’ai auditionné avant La Belle et la Bête. J’ai eu la réponse pour Hansel & Gretel une semaine avant La Belle et la Bête. J’ai eu envie de faire Hansel & Gretel. Je savais que j’allais retrouver Anaïs. Je n’avais jamais travaillé avec David. J’avais dit oui et par éthique, par respect, et par envie, je voulais quand même le faire. Tout permettait d’avoir envie de faire ce spectacle. Je n’avais aucune idée des horaires mais je me suis dit : "Si je peux, je le fais". Et effectivement, c’est chaud, les répétitions 10h-18h puis jouer le soir tous les jours, pendant un mois et demi. Et ça fait aussi des weekends un peu chargés. Mais ça se combinait… Jusqu’à présent ! Parce que là, ils nous ont rajouté des représentations le dimanche matin pour La Belle et la Bête. Du coup c’est Sébastien Valter qui va jouer Hansel sur quelques dates. Tout est une question d’envie. On est jeune. C’est maintenant qu’il faut battre le fer. Et vous n’imaginez les choses à côté, qu’on a en plus, et dont on ne parle pas encore ! On a de la chance et on s’éclate à faire ces spectacles et on touche du bois : pourvu que ça dure !
Anaïs : A chaque fois, je me plains et à chaque fois, je resigne alors. On s’éclate tellement sur ce spectacle…
Alexandre : On ne sait pas dans quel état on va finir l’année.
Anaïs : Elle commence à peine…
M.A. Vous avez une anecdote sympa sur les répétitions ?
Alexandre : Quand on m’a annoncé que j’allais être roux, j’ai quand même demandé pourquoi un enfant serait plus mignon s’il était roux ! (rires)
Anaïs : C’est la création que j’ai eue le plus de plaisir à faire. J’ai eu des créations sympas mais là… David Rozen est vraiment quelqu’un de très agréable avec les comédiens. On rigole beaucoup mais on travaille aussi… Mais toujours dans la bonne humeur. Il prend soin de ses comédiens. Quand on est au bout du rouleau, il ne nous saigne pas, il prend vraiment soin de nous.
Dans la prochaine et dernière partie de l’entretien, Anaïs et Alexandre nous donnent leur vision du spectacle musical en France, Anaïs nous parlera de son expérience dans le doublage, notamment pour La Reine des Neiges. Nous vous réservons également une petite surprise, mais ça c’est pour plus tard…
Crédits photos : Franck Harscouët
Regardez quelques images de Hansel et Gretel
Hansel et Gretel, conte populaire, recueilli par les frères Grimm.
Une comédie musicale de Guillaume Beaujolais, Fred Colas et David Rozen
Jusqu’au 30 mars : Samedi, dimanche à 11h et vacances scolaires (horaires variables suivant les jours), puis du 12 au 28 avril du mardi au dimanche à 14h
Au Palais des Glaces
37 rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Direction Musicale, paroles et musique : Fred Colas. Dialogues : Guillaume Beaujolais. Miase en scène : David Rozen.
Avec : Anaïs Delva, Alexandre Faitrouni, Rochelle Gregorie, David Koenig et Céline Esperin