Alors que Mamma Mia! se joue actuellement en français au Théâtre Mogador, Karen Gluck a le privilège de se glisser tous les soirs dans la peau de la pétillante Rosie. Formée en Angleterre dont elle est originaire, Karen Gluck a fait quasiment toute sa carrière en France. Rencontre avec une artiste généreuse, qui respire la gentillesse et la bonne humeur.
Vous êtes plutôt originaire du monde du théâtre, d’où vous vient cette envie de chanter ?
Quand on fait une école de théâtre en Angleterre, on a des cours de danse et de chant en même temps, car les gens considèrent qu’on doit être multi-talentueux. La culture musicale est très enracinée là-bas. Dans la plupart des écoles, on est obligés tous les matins de se réunir et de chanter avec et devant tout le monde.
On a un cursus qui fait que par conséquent on a moins peur de chanter que les Français. En plus, quand on fait une école de théâtre, on apprend à chanter et à danser en même temps, ce qui n’est pas le cas de toutes les écoles en France. Maintenant ça arrive, il y a quelques écoles qui commencent à enseigner le chant et la danse en même temps, ce qui est une bonne idée. Il est difficile d’être quelqu’un de merveilleux dans tous les domaines. Je suis un peu moins forte en danse par exemple.
En France, vous avez joué dans beaucoup de comédies musicales, qu’en est-il en Angleterre ?
En fait, je suis venue en France il y a presque 20 ans. La plupart de ma carrière s’est faite ici en France, je n’ai donc pas eu une très grande carrière en Angleterre. J’ai fini l’école à 26 ans et je suis venue ici à 28 ans. En Angleterre, j’ai fait principalement des petits spectacles dans le "Fringe", off West-end.
Nous avons remarqué que vous avez joué des pièces françaises en Angleterre et des pièces en anglais en France…
Comme je prenais des cours de théâtre et des cours de français en Angleterre, j’y ai joué des pièces en français pour des raisons pédagogiques. A Paris, la communauté anglophone est assez importante et en manque de théâtre à l’anglaise.
J’adore la France mais le théâtre français… Je ne devrais pas dire cela car c’est un sacrilège mais des fois, je suis très déçue. Je trouve que c’est souvent très prise de tête, très intellectuel. On perd parfois l’esprit de divertissement que nous avons en Angleterre. vis-à-vis du théâtre. On peut être à la fois intelligent et en même temps amusant ; en France on oublie cela. Mais ça commence à venir, les gens apprécient de plus en plus les comédies musicales. Il y a une dizaine d’années, c’était fatal, ça ne se faisait pas. C’est quand même dommage car c’est la plus jouissive des formes de théâtre, parce qu’on a tout : le chant, la danse et le jeu aussi.
Le personnage de Rosie forme un trio de choc avec Tanya et Donna dans Mamma Mia!. Comment ça se passe entre vous trois ?
On a de la chance. Je crois qu’on a été en partie choisies parce qu’il y avait une complicité qui se voyait déjà lors des auditions. Avec Tanya (Marion Posta – ndlr) en particulier, on est souvent en coulisse, car on ne fait pas ces grandes scènes d’amour, et on a une complicité que j’ai rarement trouvée avec une autre comédienne. C’est vraiment un plaisir à jouer, parce que ce qui est important dans le jeu, c’est d’avoir une complicité quand on regarde l’autre, de savoir qu’il y a toujours une petite surprise qui peut arriver et qui rend le jeu toujours frais et spontané. On a vraiment ça entre nous trois, mais plus particulièrement Tanya et moi.
A la fin du musical, vous tombez amoureuse de Paul, comment ça se passe avec Francis Boulogne (interprète du rôle de Paul) ?
Yes ! J’ai de la chance : il est beau, drôle et on s’entend très bien. Il est très gentil comme garçon, très courtois, très galant aussi. Il peut avoir un humour assez cassant qui réveille. C’est super, j’ai beaucoup de chance d’avoir un partenaire comme lui. Notre scène "d’amour" (sur "Viens tenter ta chance" – "Take A Chance On Me" – ndlr) fonctionne très bien, c’est un bonheur de la jouer avec lui. Encore une fois, je ressens du répondant dans ses yeux, dans son physique, parce qu’il n’a pas beaucoup de choses à dire, puisque c’est moi qui chante la plupart du temps. Il faut donc avoir cette réponse dans le regard et il l’a.
Nous avions d’abord entendu dire que Sophie Delmas, joué le rôle de Donna, puis nous avons découvert Claire lors de la journée presse, que s’est-il passé ?
Je ne sais pas à quel point je peux être honnête avec vous, mais Sophie était là pendant deux semaines de répétitions. Sophie est une chanteuse, elle n’a jamais fait de vraies comédies musicales : en France dans les comédies musicales ce sont les chanteurs qui sont primés plus que les comédiens. Ici, c’est un spectacle dans lequel on est principalement comédiens et après on sait chanter. Malheureusement, Sophie était un peu à l’inverse de cela. Paul Garrington espérait qu’elle allait être à la hauteur, mais finalement, ils ont décidé de la laisser apprendre. Elle s’entraîne actuellement, elle va revenir sur le spectacle pour jouer en alternance avec Claire Guyot. Elle va commencer à répéter d’ici vendredi, elle va revenir parmi nous.
Si vous aviez un spectacle à conseiller à Londres actuellement, ce serait lequel ?
Je conseillerais Billy Elliot (actuellement au Victoria Palace Theatre de Londres – ndlr). Par ailleurs, le Donmar Warehouse (où se termine actuellement la reprise de Passion, de Stephen Sondheim – ndlr) est un endroit où se font des comédies musicales un peu plus originales. C’est très connu, c’est là où a commencé Sam Mendes. C’est un espace assez intéressant, pas un grand théâtre comme Mogador, mais qui présentent des choses plus à l’avant-garde. J’adore aller au théâtre en Angleterre, je trouve qu’ils allient parfaitement le divertissement et le côté plus intellectuel.
Vous allez voir Mamma Mia!. Ça pourrait être quelque chose de très facile, linéaire, mais
ça ne l’est pas parce que Paul Garrington sait comment mettre les détails qu’il faut. Il est vrai que l’on n’a pas le pont qui se lève, ni le gros décor de Londres, mais on a un super cast, les jeunes sont super bons.
Interview réalisée par Guillaume Couture et Sophie Dussaussoy.
Mamma Mia !, de Catherine Johnson, Benny Andersson et Björn Ulvaeus
A partir du 19 octobre 2010.
Réservations ouvertes jusqu’au 30 avril 2011 inclus.
Du mardi au samedi à 20h. Les samedis et dimanches à 15h
Théâtre Mogador
25 Rue de Mogador
75009 Paris
Livret : Catherine Johnson ; Compositeurs : Benny Andersson et Björn Ulvaeus ; Mise en scène : Paul Garrington, assisté de Véronique Bandelier ; Scénographie : Mark Thompson ; Direction musicale, musique additionnelle et arrangements : Martin Koch ; Création sonore : Bobby Aitken ; Adaptation chansons : Nicolas Nebot ; Adaptation livret : Stéphane Laporte ; Chorégraphies : Anthony Van Laas.
Avec, dans les rôles principaux : Claire Guyot/Sophie Delmas (Donna), Karen Gluck (Rosie), Marion Posta (Tanya), Gaëlle Gauthier (Sophie), Dan Menasche (Sky), Jérôme Pradon (Sam), Patrick Mazet (Harry), Francis Boulogne (Bill), Tristan Chapelais (Pepper), Emmanuelle Bouaziz (Ali), Sylvain Mathis (Eddie) et Vanessa Cailhol (Lisa).
Ensemble : Gaetan Borg, Fred Colas, Etienne Ducamain, Lorelyne Foty, Melina Mariale, Jérémy Petit, Bruno Desplanche, David Sollazzo, Alix Briseis, Maryse Boiteau, Olivier Rey, Noémie Francois, Carole Dréant, et les swings Fabrice Cazaux, Céline Legendre Herda, Julien Mercier et Lucile Bourdon.