Cette reprise française de Cabaret pouvait-elle réellement s’envisager sans Claire Pérot dans le rôle de Sally Bowles ? Après avoir ébloui le public à la création du spectacle aux Folies Bergère en 2006, Claire Pérot est partie rejoindre la troupe de Mozart, l’opéra rock, avant de rejoindre la distribution du film À bout portant, de Fred Cavayé. Pour Musical Avenue, nous avons rencontré l’artiste lors de la présentation de la troupe de Cabaret à la presse.
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Après avoir joué le spectacle lors de sa création aux Folies Bergère, vous voici de retour dans le même rôle à Marigny. Cabaret, ça ne se refuse pas ?
Non ! (rires) Ça ne se refuse pas, surtout quand on l’a déjà joué. Cabaret, c’est la vie : c’est toi, moi, le voisin, tout ça mis sur scène dans un contexte donné, à une époque donnée. C’est éperdument actuel, totalement intemporel, international, "inter-humain". Donc, quand tu le fais une fois, c’est pour la vie.
Liza Minnelli elle-même t’avait adoubé dans le rôle de Sally Bowles, allant jusqu’à dire que tu étais l’incarnation du personnage. Est-ce vrai ?
Non, car moi je m’appelle Claire Pérot, j’ai 29 ans, j’ai un enfant et j’habite Paris. Donc ce n’est pas moi. Après il y a évidemment des éléments qui font appel à des situations que j’ai vécues, mais on est tous dans ce cas-là. Le metteur en scène dit qu’on a l’essence du personnage. Mais ce n’est pas si difficile que ça : il suffit d’ouvrir les yeux sur ce qu’on a vécu, ce qu’on a ressenti au quotidien. Comme on est tous des artistes, on a tous ce point commun d’être ultra-sensibles. On est tous très au fait de ce que l’on vit au jour le jour.
Nous t’avons vu très marquée à l’issue des quelques numéros présentés aujourd’hui. Dans quel état sort-on après un spectacle aussi lourd dans son propos ?
Exactement dans le même état ! Et encore, il reste une scène absolument atroce après la chanson titre, "Cabaret". Pour la replacer dans le contexte, la chanson correspond au moment où Sally décide de ne pas partir aux Etats-Unis, de rester à Berlin, donc d’une certaine manière de se voiler la face. Mais pour elle, il n’y a rien d’autre que le cabaret. Elle sait qu’elle ne gardera pas l’enfant. Donc entre temps, j’avorte, etc. C’est évidemment très difficile, ça fait appel à des choses très intimes, très intenses, très fortes en moi.
Ça me rappelle l’histoire de l’acteur qui a joué dans le tout premier Tarzan, qui est devenu complètement fou (ndlr : Johnny Weissmuller). Comment on s’en sort ? C’est à toi de savoir faire la part des choses. Il faut observer son quotidien, tout simplement. Tu commences par faire un truc très con : prendre un calendrier. Demain je dois aller faire les courses, il ne faut pas que j’oublie de mettre mon réveil parce que j’accompagne mon fils… Et tous ces petits détails du quotidien, qui n’est pas celui de Sally Bowles, te font revenir à toi.
À moyen terme, tu te vois plutôt dans un théâtre ou sur une scène de concert ?
Partout ! Je travaille actuellement sur mon album avec Olivier Dahan, le cinéaste, qui écrit et compose pour moi. On a un album concept tous les deux. Ça va être un bébé aussi bien pour lui que pour moi. Beaucoup de gens l’ignorent, mais Olivier est un fou de musique, très cultivé, très bon compositeur et très bon auteur. C’est un excellent réalisateur de clips, sans parler de La Môme. Ce qu’il a fait dans son dernier film My Own Love Song, avec Bob Dylan, c’est extraordinaire ! J’ai la chance de travailler avec Olivier que j’ai rencontré sur Mozart, l’opéra rock. On a eu un coup de foudre artistique tous les deux. Après, le vent me portera ! J’espère qu’on me reverra aussi au théâtre, mais ça ne dépend pas que de moi.
Je me battrai toujours pour raconter des histoires, parce que c’est ce que je préfère. Quand je raconte une histoire, c’est un peu comme quand je raconte une histoire à mon fils le soir, j’y mets tout mon cœur. Y mettre tout mon cœur, c’est y mettre un peu de ma vie, et y mettre un peu de ma vie, c’est partager quelque chose d’humain avec quelqu’un. Comme une discussion avec un copain, ou avec quelqu’un que tu aimes bien. Pour moi, faire du théâtre, du cinéma, ou de la chanson, c’est tout cela à la fois.
Cabaret, de Joe Masteroff, John Kander et Fred Ebb
A partir du 6 octobre 2011 au Théâtre Marigny
Du mardi au vendredi à 20h30
Le samedi à 16h30 et 21h
Le dimanche à 16h30
Théâtre Marigny,
Carré Marigny,
75008 Paris
Adaptation française : Jacques Collard et Éric Taraud ; Costumes : Emmylou Latour ; Mise en scène : Sam Mendes ; Chorégraphie : Rob Marshall.
Avec Emmanuel Moire (Emcee), Claire Perot (Sally Bowles), Geoffroy Guerrier (Cliff Bradshaw), Patrick Mazet (Ernst Ludwig), Catherine Arditi (Fraulein Schneider), Pierre Reggiani (Herr Schultz), Delph
ine Grandsart (Fraulein Kost). Doublures : Patrice Bouret (Herr Schultz) et Jocelyne Sand (Fraulein Schneider).
Ensemble : Catherine Arondel, Joseph Emmanuel Biscardi, Vanessa Cailhol, Pia Lustenberger, Franck Mignat, Amélie Munier, Tristan Robin, Audrey Senesse.
Swings : Camille Artichaut, Adrien Biry, Julie Galopin, Pierre Lamiraud, Lionel Losada, Marie Laure Ravau.