Rencontre : Emmanuel Moire, le nouveau Maître de Cérémonie de "Cabaret" au Théâtre Marigny

Temps de lecture approx. 7 min.

Rencontre : Emmanuel Moire, le nouveau Maître de Cérémonie de "Cabaret" au Théâtre MarignyÀ quelques jours de la grande première de la reprise de Cabaret au Théâtre Marigny de Paris programmée le 6 octobre, nous avons rencontré Emmanuel Moire à l’occasion de la présentation de la nouvelle troupe à la presse il y a quelques semaines.
Il nous explique avec sincérité le parcours qui l’a amené à prendre les clés du Kit Kat Club, et les difficultés qu’il a rencontrées pour surmonter la grande pression qui a accompagné ses débuts dans le projet.

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Nous avions la sensation que tu avais plutôt fait le choix d’une carrière solo ces derniers temps. Pourquoi ce choix de Cabaret ?

C’est déjà une affaire de choix artistique : j’étais en train de créer le troisième disque, mais rien ne s’est déroulé comme je le souhaitais. Je me suis dit qu’il n’y avait pas de hasard et que je devais peut-être vivre autre chose. On m’a alors proposé de passer les auditions de Cabaret.
Sincèrement au début, j’étais un peu dubitatif. J’avais l’image du film, mais je n’avais pas vu la pièce. D’autant que je ne visualisais pas clairement le rôle : dans le film le maître de cérémonie est une métaphore, alors que dans la pièce, il a une véritable place. C’est un vrai extravagant comme je les aime.

Avant de passer le casting devant les Américains, j’ai eu une séance de travail avec l’assistant du metteur en scène, Frédéric Baptiste. J’ai été très ému après la lecture de la pièce et du rôle. Je me suis dit que j’allais adorer faire ça. C’est tellement loin de ce que l’on peut imaginer de moi…
C’est assez sympa après cinq ou six ans de carrière, quelle qu’elle soit, de faire des choses qu’on n’a pas faites, de prendre des risques. Au début des auditions devant les Américains, je n’étais pas très à l’aise. Ils m’ont fait travailler, ce qui a sorti des choses chez moi que je ne me connaissais pas. Ce n’était pas ce que j’avais prévu, mais je voulais absolument le faire. Je me suis défoncé pour essayer de décrocher le rôle, ce qui m’amène ici aujourd’hui. Je suis ravi.

Tu avais déjà joué dans le spectacle musical Le Roi Soleil. En quoi travailler pour Cabaret est une expérience différente ?

C’est un vrai bonheur de travailler avec les Américains. Pour eux, à partir du moment où on rentre sur un plateau, on doit être chargé de quelque chose, nourri d’une intention. Ils mettent eux-mêmes les artistes en danger : certains doivent jouer d’un instrument, d’autres sont chanteurs et comédiens mais n’ont jamais dansé. Personnellement, j’apprends des choses que je n’ai jamais faites de ma vie, ou en tout cas, jamais exploitées.

Il y a une véritable prise de risque pour tout le monde, ce qui crée une tension qui nous oblige à nous dépasser. En plus, ils sont toujours connectés à toi. Bien sûr, on rejoue une pièce qui a déjà été jouée 1 000 fois, mais après avoir appris les pas et la mise en scène, on se demande ce qu’individuellement on va apporter à la pièce et à son personnage. Ils partent de notre vie, et ne nous lâchent pas pour qu’on se dépasse et qu’on aille chercher des émotions qu’on ignorait avoir.

Emmanuel Moire présente... un ananas !

On a l’impression que chaque scène vous met dans un état nerveux assez particulier…

En fait, on est quelqu’un d’autre sur scène. Alors évidemment, ce n’est pas un exercice facile de jouer devant la presse, mais c’est un bon exercice. Au bout de trois semaines, c’est un challenge à relever. Personnellement, le spectacle me met dans un autre état, et c’est ce que j’aime. Je souhaite aller encore plus loin dans cette direction, qu’à partir du moment où j’enfile mes chaussettes, je sois quelqu’un d’autre, le Emcee, mais le mien. Les Américains ne se posent pas la question de l’apparence. Et d’ailleurs, on se fiche de l’image du maître de cérémonie. Lui ce qu’il veut, c’est vendre des filles et que les gens prennent du plaisir. Bref, que le Kit Kat Club vive. C’est mon but aujourd’hui.

Tu es le seul nouveau visage dans les rôles principaux par rapport à la production de 2006. Ressens-tu une certaine pression, alors que tu succèdes à des artistes unanimement salués comme Fabian Richard ou David Alexis ?

Ils ont été formidables. Je n’ai pas vu le spectacle à l’époque, car je jouais en même temps, mais j’ai vu des vidéos. Pour être honnête, je ne peux pas dire que je n’ai pas ressenti de pression. En même temps, ma position est extrêmement délicate parce que Fabian et David ont fait un super travail. Au début, j’ai senti une forme de nostalgie dans la troupe. C’était un choix de changer, mais dans le même temps, j’arrive sur ce spectacle après un parcours atypique. Après, on a l’habitude de mettre les gens dans des cases. Si tu en changes, tu auras toujours des gens pour se demander ce que tu fais là. A un moment, il faut arrêter : j’ai la même passion que ces gens-là, et si j’ai été pris, c’est aussi parce que j’avais ça en moi.

Cette pression ne m’a pas du tout aidé à travailler au début : j’étais complètement inhibé, je ne me faisais pas confiance, et il n’en sortait rien de bon. A un moment je me suis dit "Emmanuel, souviens-toi pourquoi ils t’ont pris. Tu as tout ça en toi, la provocation, la folie, alors éclate-toi !". Si je passe mon temps à lire tout ce qui se dit sur internet, je pense que je me tire une balle, parce que les gens sont parfois extrêmement violents !
J’en suis sorti, je prends ma place dans la troupe au fur et à mesure. Il y a encore du travail, mais le 6 octobre, quand le Kit Kat Club va s’ouvrir, ce sera chez moi. Si je ne m’éclate pas, sachant que je suis le mieux placé pour me libérer, c’est mort. De toutes les façons, que je fasse ce projet un autre, il y aura toujours des mauvaises langues pour critiquer.


Cabaret, de Joe Masteroff, John Kander et Fred Ebb

A partir du 6 octobre 2011 au Théâtre Marigny
Du mardi au vendredi à 20h30
Le samedi à 16h30 et 21h
Le dimanche à 16h30

Théâtre Marigny,
Carré Marigny,
75008 Paris

Adaptation française : Jacques Collard et Éric Taraud ; Costumes : Emmylou Latour ; Mise en scène : Sam Mendes ; Chorégraphie : Rob Marshall.

Avec Emmanuel Moire (Emcee), Claire Perot (Sally Bowles), Geoffroy Guerrier (Cliff Bradshaw), Patrick Mazet (Ernst Ludwig), Catherine Arditi (Fraulein Schneider), Pierre Reggiani (Herr Schultz), Delphine Grandsart (Fraulein Kost). Doublures : Patrice Bouret (Herr Schultz) et Jocelyne Sand (Fraulein Schneider).

Ensemble : Catherine Arondel, Joseph Emmanuel Biscardi, Vanessa Cailhol, Pia Lustenberger, Franck Mignat, Amélie Munier, Tristan Robin, Audrey Senesse.

Swings : Camille Artichaut, Adrien Biry, Julie Galopin, Pierre Lamiraud, Lionel Losada, Marie Laure Ravau.

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