À l’occasion de son adapatation de La Leçon, d’Eugène Ionesco, avec Claire Baradat (Barbe Bleue; Anne à l’Essaïon), Christian Bujeau (Les Visiteurs; Kaamelott) et Cathy Sabroux (Les Misérables; L’Ultime rendez-vous), nous avons rencontré Samuel Sené, metteur en scène aux multiples facettes !
Sophie Dussaussoy (pour Musical Avenue): Quel a été ton parcours, et comment es-tu arrivé dans l’univers du théâtre musical ?
Samuel Sené: J’ai une formation de pianiste classique, et cette formation m’a amené à étudier la direction d’orchestre, la composition, mais aussi le théâtre et la mise en scène au conservatoire d’Orléans. Tout en suivant un cursus plus traditionnel dans les mathématiques, j’ai commencé à être assistant à la mise en scène sur des opéras et opérettes, et dans un deuxième temps à la direction d’orchestre d’ouvrages lyriques.
J’ai alors pu abandonner les maths et me consacrer à mes activités artistiques.
De par ma double formation théâtre et musique, j’ai très vite découvert le monde de la comédie musicale, d’abord en étant stagiaire sur Le Paris d’Aziz et Mamadou d’Alain Marcel, puis assistant sur Nonnesens. Les projets se sont ensuite enchaînés.
(MA): Chez Musical Avenue, nous te connaissons principalement pour ton travail sur des comédies musicales : comment es-tu venu à un projet comme La Leçon, et de quelle façon s’est faite la distribution ?
(SS) : Disons qu’on me connaît surtout comme directeur musical dans le monde de la comédie musicale parisienne, mais j’ai toujours gardé mes différentes casquettes, entre théâtre et musique, entre opéra et oeuvres contemporaines.
Je souhaitais depuis quelques temps m’attaquer à une pièce non musicale, car j’ai surtout mis en scène des ouvrages musicaux, et quand Claire Baradat (mon épouse, qui joue le rôle de l’élève) a parlé de la pièce à Pierre Santini (directeur du théâtre Mouffetard) et m’a proposé de le mettre en scène, j’ai sauté sur l’occasion.
Cathy Sabroux m’a de suite paru "la bonne" idéale, correspondant à l’image que j’en avais. Puis j’ai proposé à Christian Bujeau le rôle du professeur, et à ma grande surprise, il l’a immédiatement accepté. Et l’aventure a commencé !
(MA) : En quoi mettre en scène La Leçon diffère de diriger musicalement une comédie musicale?
(SS) : Il y a évidemment d’énormes différences entre d’un côté diriger des comédiens, choisir comment raconter une histoire et servir un texte tout en étant créatif, et de l’autre comprendre et faire respecter une partition musicale tout en servant les choix du metteur en scène !
Mais le rapport à l’artiste reste le même, ainsi que la façon de travailler un texte (qu’il soit musical ou théâtral), de le livrer le plus sincèrement possible. Quand je travaille une musique, j’étudie en priorité son rapport au théâtre, et quand je travaille un texte, j’y cherche la justesse et le rythme ! Au final, j’écoute ma technique, mon instinct et mon exigence.
(MA) : Lors du concert Broadway Lights, nous avons découvert le Diva chorus. Comment s’est-il formé ? Y’aura t’il d’autres projets dans lesquels il sera impliqué ?
(SS) : Christophe Mirambeau, qui a conçu et présenté le concert, a souhaité la présence du réseau Diva et, en accord avec Cathy Sabroux et Jacky Azencott, m’a proposé de constituer et diriger ce choeur.
La consigne était simple : j’avais toute liberté pour recruter une vingtaine de choristes, sachant utiliser leur voix dans le registre "comédie musicale" ainsi que dans le registre lyrique, et prêts à participer à cette aventure avec nous. Le Diva Chorus a donc été créé pour cette occasion, et nous espérons bien qu’il sera présent à de futures occasions (plusieurs projets sont en route !)
(MA) : Que penses-tu du terme "Broadway-sur-Seine", qui émerge depuis quelques temps dans les médias pour refleter la qualité des comédies musicales qui se jouent de plus en plus nombreuses dans la capitale ?
(SS) : Sincèrement, c’est la première fois que j’entends ce terme.
J’ose espérer qu’il y a de la place pour les différents styles. Tout comme à l’opéra, ça ne gêne personne d’alterner classiques et créations, oeuvres française et étrangères, on peut applaudir depuis plusieurs années à Paris des ouvrages anglo-saxons ainsi que des créations françaises, et ce dans tous les styles, avec plus ou moins de bonheur.
Pourquoi vouloir stigmatiser Paris en voulant absolument le comparer à Broadway ? Je préfère tout simplement défendre le genre "comédie musicale" comme étant du théâtre musical, dans son sens premier : une dramaturgie, utilisant de la musique, servie par des comédiens qui chantent.
Les comédies musicales florissent, et on ne peut que s’en réjouir. Mais pas à n’importe quel prix. Pour que le grand public s’y retrouve et aiguise son sens critique, il faudrait que les spectacles "d’auteur" bénéficient d’une plus grande couverture médiatique, que les gros budgets ne sacrifient pas la qualité de création sous prétexte de spectacle "populaire", et que les montages d’oeuvres du répertoire anglo-saxon soit respectueux et sans concession : le Châtelet produit divinement de "gros" ouvrages grâce aux budgets qu’il a, mais les productions plus modestes doivent elles monter des ouvrages à la hauteur de leurs moyens afin de ne pas se retrouver à couper des personnages, des scènes, ou les musiciens !
(MA) : Lors du festival Les Musicals 2009, la comédie musicale Le dernier jour (d’après le roman de Victor Hugo) avait été programmé puis annulé. Où en est ton projet?
(SS) : Il est dans les
tiroirs. Sans rien déflorer, disons que je continue d’en parler, mais je me pose encore beaucoup de questions. C’est une oeuvre de jeunesse, écrite tout d’abord dans un cadre lyrique, il y a maintenant neuf ans, quand j’étais tout jeunot !
(MA) : Quels sont tes nouveaux projets?
(SS) : Je vais mettre en scène La Cuve, un spectacle chorégraphique pour deux musiciens et deux danseurs, conçu et composé par Siegfried Courteau et chorégraphié par Kawtar El Metboul, un spectacle "de troupe", une vraie création contemporaine expérimentale où le personnage principal sera un ensemble de cuves à fuel avec lesquelles on va raconter une histoire… si, si ! Création en novembre.
Et cet hiver, j’assurerai les compositions, les arrangements et la direction vocale du Noël Magique de William Korso (à partir du 15 Décembre à L’Alhambra).
Et des projets encore en gestation ? plein….
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