Suite de notre série consacrée aux comédies musicales en cours de création en France avec Les Instants Volés de Cyrille Garit et Stève Perrin.
De Lady in the Dark (Kurt Weill), qui abordait en 1941 le sujet de la psychanalyse, à Next to Normal, qui a reçu le prix Pullitzer en 2010, rares ont été les comédies musicales qui ont pris le risque d’aborder de front la thématique des troubles psychiatriques. Sweeney Todd, Man of La Mancha, Jekyll and Hyde… à Broadway, les héros victimes de maladies mentales sont bien souvent des monstres ou des personnages fantasques.
Après une collaboration sur Nohan, ou La Légende d’une Cité, le duo Cyrille Garit et Stève Perrin a voulu écrire une histoire d’amour qui sortirait des romances habituelles, les conduisant à s’intéresser au cadre particulier des hôpitaux psychiatrique et à leurs locataires. Après une étude approfondie auprès des services médicaux et de nombreuses rencontres avec le personnel hospitalier, leurs recherches les ont aidé à insuffler sensibilité et réalisme à la pièce qui allait en découler : Les Instants Volés. Une équipe d’amis se forme alors autour de ce duo lorsqu’ils sont rejoints pas Jean-Charles Mouveaux-Mayeur à la mise en scène et Stéphanie Chatton à la chorégraphie.
L’hopital psychiatrique les "Trois chênes" abrite l’histoire de deux jeunes malades : Max, bipolaire, sujet à des troubles du comportement et Lula, dépressive chronique. Victime de leurs maladies, la relation qu’ils nouent se trouve embarquée dans un cycle dramatique et intime qui présente l’asile psychiatrique tel qu’il est dans l’imaginaire collectif : décadent. Les protagonistes sont accompagnés d’une palette de personnages inhabituels : les infirmiers psychiatriques Jean et Anna, Étienne, le client-compagnon de Max, la mère de Lula, ainsi que d’autres rôles tels un patient délirant s’imaginant accoucher de l’univers, ou encore une professeur de dessin complètement loufoque.
Après une lecture au Théâtre du Petit Saint Martin en 2010, le livret n’a cessé de s’enrichir avec une précision réaliste et troublante. Avec la complicité du compositeur Stève Perrin, le texte s’est orné de sublimes mélodies au style jazz.
Le spectacle a été présenté pour une série de showcases au Théâtre Michel en juin 2012, remportant un joli succès grâces notamment au talent et à la sensibilité de ses interprètes : Joseph-Emmanuel Biscardi (Cabaret ; Fame), Vanessa Cailhol (Cabaret ; Mamma Mia!), Philippe d’Avilla (Hair ; Roméo et Juliette) et Caroline Klaus (Le Peep Musical Show).
La chanson "Bienvenue", interprétée par Philippe d’Avilla, ouvre le spectacle et nous fait entrer instantanément dans le vif du sujet.
Un infirmier fait son entrée sur scène, seul devant le rideau encore baissé. Il propose d’entrer dans "le Saint des Saints", l’hôpital psychiatrique des Trois Chênes.
Dans ce morceau, le chanteur commence sa prestation sur une musique angoissante avec une farandole d’interrogations sur le déroulement du spectacle. L’homme sur scène, Jean, l’infirmier, est déroutant, parfois inquiétant. Nous entrons dans un monde inconnu ou méconnu dont nous ne sommes que spectateur. Les ficelles sont tirées avec justesse et émotion.
Cette production prometteuse mérite d’être saluée pour sa volonté de proposer un nouveau théâtre et une émotion rare dans le théâtre musical français.
Le site de ce projet poetico-dramatique vous permettra dans apprendre plus et offre à l’écoute d’autres extraits musicaux (www.lesinstantsvoles.fr) et vous pouvez soutenir la pièce en rejoignant la page qui lui est dédiée sur Facebook.
Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau musical et une nouvelle chanson.
Crédit photos : Olivier Killherr
Lire ou relire nos autres articles de la série "Made in France" :
- Épisode 1 : Blanche Neige et la Reine Maléfique
- Épisode 2 : Le Bois de Boris
- Épisode 3 : Les Instants Volés
- Épisode 4 : Monsieur ! Le Musical
- Épisode 5 : Les Gaufrettes
Regardez la vidéo teaser du spectacle Les Instants Volés au Théâtre Michel en 2012 :
