Exploité pendant 35 ans de l’autre côté de l’Atlantique avant de baisser le rideau en 2023, cette comédie musicale intemporelle continue de rencontrer un succès indéniable en Europe. De Londres à Monte-Carlo, nous ne nous lassons pas de (re)découvrir ce spectacle absolument incontournable.
La production londonienne : la comédie musicale de tous les records
Savourer cette comédie musicale iconique dans un lieu aussi majestueux que le His Majesty’s Theatre est déjà un réel plaisir. Lorsque les premières notes de la scène d’ouverture retentissent, le public retient sa respiration en admirant le décor se mettre en place progressivement. Le magnifique et impressionnant lustre monte tout doucement jusqu’au plafond, sous les yeux des spectateurs médusés. Tout au long de la pièce, il sera régulièrement en mouvement jusqu’à tomber presque sur le public… Quelle scène mémorable : c’est grandiose !
Rien n'est laissé au hasard
Les tableaux parsemés de somptueux et imposants décors plongent le public dans un univers à la fois scintillant et mystique. Du début a la fin, le spectacle est très immersif : les décors bougent, apparaissent et disparaissent rapidement dans la pénombre, les scènes s’enchaînent avec une grande fluidité. Malgré les 2h30 de spectacle, celui-ci reste dynamique grâce aux nombreux rebondissements de l’histoire.
Ils étincellent tous de milles feux
On peut aussi saluer les chorégraphies gracieuses et synchronisés des nombreux danseurs ainsi que la justesse et la puissance vocale des chanteurs/chanteuses. Lilly Kheroas (une Française !) est très convaincante dans le rôle de Christine Daaé, tout comme John Robyns dans le rôle du fantôme. Ensemble, ils forment un duo époustouflant. Leurs voix s’accordent dans une parfaite harmonie et l’interprétation de leur personnage apporte beaucoup d’émotions.
Le summum de l’émerveillement est atteint lors de la scène d’ouverture de la seconde partie. Une vingtaine d’artistes costumés de la tête au pied chantent à l’unisson « Masquerade » en réalisant une chorégraphie sur un énorme escalier central. Masques, paillettes, plumes, fourrures, tenues colorées, strass… Ils étincellent tous de milles feux : quel régal pour les yeux !
L’expérience monégasque
En décembre dernier, l’Opéra de Monte-Carlo a eu la chance d’accueillir dans ses murs une version inédite du Fantôme de l’Opéra, pour vingt représentations exceptionnelles lors des fêtes de fin d’année. Ce spectacle, déjà exceptionnel en tous points de vue, a eu une saveur encore plus particulière à Monaco, et voici pourquoi.
Un écrin pour le spectacle
L’Opéra de Monte-Carlo est le seul théâtre conçu par Charles Garnier, en dehors de la salle parisienne dans laquelle prend place l’action. C’est donc avec une excitation toute particulière que les spectateurs ont pu savourer ces représentations jouées dans un théâtre historiquement similaire à celui de l’œuvre littéraire. Malgré ses origines hexagonales et son succès international, cette comédie musicale n’a jamais été jouée en France (on se souvient de la “malédiction” ayant touché la production du théâtre Mogador en 2016). Et même si la principauté de Monaco est un état souverain (donc pas vraiment un territoire français au sens strict), on se réjouit qu’elle ait conjuré le sort en proposant des représentations de grandes qualités.
L’émotion est vive pour tous les spectateurs ; entre les murs du théâtre à l’italienne de style Second Empire, on ne peut s’empêcher de se demander où s’arrête la réalité et où commence la fiction. Federico Bellone (le metteur en scène) l’a d’ailleurs bien compris, et se sert du théâtre entier pour immerger le spectateur dans l’histoire. Avec un décor qui, au début, reproduit sur scène une perspective de l’Opéra de Paris, ce « bout d’Opéra » se met à tourner au fur et à mesure que se déroule l’histoire. Par des jeux de perspectives, on est de plus en plus attiré à l’intérieur du théâtre, jusqu’à ce que le lieu de la représentation serve entièrement de décor. L’ouverture de l’acte 2 marque l’apogée de ce moment, lorsque tous les artistes envahissent les rangées et les loges sur “Masquerade”, rendant l’expérience totalement immersive par la disparition du quatrième mur.
Une adaptation de haut niveau
Joué en version originale et avec un orchestre de 14 musiciens maîtrisant parfaitement la partition, Le Fantôme de l’Opéra présenté à Monaco n’a pas à pâlir face aux productions internationales. Il est vrai que les dimensions de la scène et le peu de temps d’exploitation (quinze jours seulement) n’autorisaient pas à déployer des décors et effets aussi grandioses que les versions de Londres ou Broadway. Pour autant, l’équipe de production a su garder toute la splendeur et le faste de cette œuvre, pour conserver un effet spectaculaire. Des décors peints en fond de scène, à ce “morceau d’opéra” tournant sur lui-même nous donnant l’impression de déambuler dans le bâtiment, passant par exemple de la scène aux salons de réception, on en prend plein les yeux. Les changements de perspectives sont soulignés par d’habiles jeux de lumière (Valerio Tiberi) et de fumée. Et même si l’on est un peu déçu du rendu visuel pour les scènes dans le lac souterrain ou de l’absence de pont suspendu, l’ensemble reste superbe, comme les passages à travers le miroir ou les moments sur les toits de l’Opéra.
La distribution aussi en met plein les oreilles ! Monaco offre au spectateur le Phantom le plus apprécié de tous : Ramin Karimloo, dont la maîtrise tant vocale que scénique est indiscutable (et que l’on peut parfaitement apprécier avec l’acoustique de la salle). À ses cotés, Amélia Milo (soprano italo-américaine) est tout aussi exceptionnelle pour incarner le personnage de Christine, avec sa voix claire et ses aigus éclatants. À vrai dire, toute la troupe mérite les félicitations, et il n’y a pas une fausse note dans la distribution.
Avoir pu assister à la version présentée à Monaco était une véritable chance. En se rapprochant par certains aspects de la mise en scène originale, nous avons redécouvert cette comédie musicale, qui n’était pas qu’un duplicata au budget réduit par rapport aux présentations des hauts lieux de la comédie musicale, mais bien une véritable proposition d’interprétation et d’immersion. Et le public l’a bien compris, puisque les séances ont toutes affichées complet. En point d’orgue de cet évènement, une soirée costumée et masquée a accueilli les grandes personnalités monégasques, faisant rayonner un peu plus fort cette comédie musicale qui continue d’émerveiller des générations entières.
Si vous souhaitez prolonger l’expérience, restez connectés sur nos réseaux, nous vous préparons un podcast spécial, dédié au Phantom of the Opera.