Il y a des artistes qui ont une voix, d’autres qui ont une présence scénique et un talent pour le jeu. Certains dansent divinement, d’autres ont ce je-ne-sais-quoi qui fascine. Steve Barton avait tout cela à la fois. Un timbre clair, une voix puissante, un talent inné pour la danse et un charme fou. Grand, mince et gracieux, il était même doué pour les langues, chantant sur les scènes de Vienne, Munich et Berlin en allemand.
Du Texas à l’Europe
Né à Hot Springs en Arkansas le 26 juin 1954, Steve Barton passe sa jeunesse à Nederland au Texas. Récipiendaire d’une bourse d’études en théâtre, danse et chant de l’Université de Texas à Austin, il ne tarde pas à se faire remarquer dans la trentaine de productions où il s’illustre déjà. Parallèlement à ses études, il suit des cours de ballet, se découvrant des aptitudes naturelles pour cet art. Il est à ce sujet le tout premier danseur masculin de la compagnie de ballet d’Austin.
Son diplôme en poche, c’est d’ailleurs dans des ballets qu’il entame sa carrière, mettant le cap sur l’Europe où il décroche son tout premier rôle professionnel au Stadttheater de Saint-Gall en Suisse. Le monde du théâtre musical lui ouvre ensuite ses portes, toujours en Suisse, mais aussi en Autriche et en Allemagne. Le jeune artiste alterne alors de nombreux rôles principaux dans West Side Story, Godspell, Roméo et Juliette, The Fantasticks, Threepenny Opera, Oklahoma!, Jesus Christ Superstar, Evita, Guys and Dolls, Camelot, La Cage aux Folles et Company. C’est lui aussi qui campe le tout premier Munkustrap dans l’originale production viennoise de Cats en 1983-1984.
Le West End, Broadway et un certain Raoul
Déjà reconnu et respecté en Europe, Steve Barton se fait enfin connaitre des fans du West End et de Broadway quand il obtient le rôle de Raoul dans les productions originales londonienne et new-yorkaise du Fantôme de l’Opéra dès 1986. Premier Vicomte de Chagny, il interprète un romantique Raoul aux côtés de Sarah Brightman jusqu’à éventuellement revêtir les traits du Fantôme quelques années plus tard à Broadway en 1990.
Un dernier rôle mémorable
The Anastasia Affaire (1991), Six Wives (1993), The Hunchback of Notre-Dame (1993), The Red Shoes (1993), Kiss Me, Kate (1994), Sweeney Todd (1996), Let’s Do It (1996) … Steve Barton multiplie par la suite les rôles aux États-Unis avant de retourner à Vienne pour jouer dans La Belle et la Bête (1996). C’est là aussi qu’il se glissera finalement dans la peau du Comte Von Krolock dans la production originale de Tanz der Vampire (Le Bal des Vampires) de Jim Steinman et Roman Polanski. Son impressionnante interprétation de ce vampire déchiré et insatiable lui a d’ailleurs valu un prix IMAGE en 1998, l’équivalent d’un Tony Award pour l’Europe. C’est sur scène également dans le rôle de Von Krolock qu’il a le plaisir de célébrer ses 30 ans de carrière en 1997.
Il s’éteint dans son appartement de Brême en Allemagne, le 21 juillet 2001 à 47 ans. Heureusement, cet artiste talentueux et sensible à la voix bouleversante continue d’émouvoir le public grâce aux précieux enregistrements qui lui survivent.