Mené tambour battant par deux surprenants comédiens, Clarisse Caplan et Thomas Armand, le spectacle emmène le public à travers les méandres de ce destin hors du commun. Comment Joséphine Baker a-t-elle façonné son mythe, sa furieuse envie de vivre, l’amoureuse et la combattante derrière l’artiste. C’est tout cela qu’il est donné de découvrir en ce moment au Théâtre de Passy.
Le spectacle s’ouvre sur un décor sobre et bien pensé. Un grand paravent reflète des projections vidéo dont l’esthétisme est réhaussé par d’harmonieux jeux de lumière. De quoi ravir les yeux des spectateurs les plongeant rapidement dans l’histoire.
Nous sommes au début des années 1900 dans le Missouri, très jeune, Joséphine enchaine des travaux domestiques pour contribuer, de son maigre salaire, à la survie de la famille. La danse qui l’habite depuis toujours l’aide à garder espoir. Très tôt elle se crée ses propres codes chorégraphiques. Son style est ni ballet, ni burlesque ni totalement tribale, c’est un style unique, le style Baker. En 1920, elle part sur les routes en compagnie de la troupe d’artistes de rue avec lesquels elle danse. Mais Joséphine voit plus grand et tente sa chance à Broadway. Elle y est finalement repérée pour intégrer la célèbre « Revue Nègre » en 1925 à Paris, au Théâtre des Champs Elysées. Elle en devient rapidement la vedette incontournable. De là commence son amour pour Paris et son engagement pour la France, le pays qui l’a accueillie, elle qui portait la douloureuse cicatrice de la ségrégation régnant alors aux États-Unis.
Tour à tour, on découvre une Joséphine, espiègle, séduisante, résistante mais avant tout émouvante interprétée par Clarisse Caplan, troublante de ressemblance avec son personnage. De son côté Thomas Armand, épatant, interprète différents personnages de l’entourage de Joséphine Baker, avec subtilité et ponctué de pointes d’humour. Mention spéciale pour son excellente interprétation de la célèbre chanson « J’ai deux amours » ! Un parti pris inattendu, puisqu’elle n’est pas interprétée par Joséphine Baker, mais qui fonctionne bien. Signalons également que les deux comédiens n’étaient ni chanteurs et danseurs avant de se lancer dans ce projet. Un défi relevé haut la main pour maîtriser la pluridisciplinarité nécessaire à la réussite de ce spectacle.
Enfin, quant à la question de la nudité dévoilée sur scène, la réponse est simple : comment peut-on imaginer incarner Joséphine Baker sans assumer cette liberté du corps et ce symbole de prise de pouvoir qui la rend si unique …
Le spectacle Joséphine B est une belle occasion de mieux connaitre la star des Années Folles et de réaliser à quel point ses combats restent encore d’actualité aujourd’hui…
Joséphine B.
Jusqu’au 6 mars 2022
Au Théâtre de Passy
95 rue de Passy, 75016 Paris
Auteur : Xavier Durringer
Avec : Clarisse Caplan, Thomas Armand