Parmi les spectacles qui seront présentés en septembre au Cours Florent, Météore s’annonce comme un projet à part. Création audacieuse, le cadre dont bénéficient les TFE est un tremplin pour présenter ce projet inédit, qui rassemble des élèves de plusieurs sections de formation du Cours Florent.
Note de la rédaction : cet article est présenté comme une retranscription des échanges avec l’équipe créative, sous forme de questions/réponses ; nous conservons volontairement certaines formulations orales dans les lignes qui suivent.
Musical Avenue (M.A.) : Météore est votre première création originale ; comment présenteriez-vous votre projet pour inciter un maximum de personnes à venir vous voir ?
Lucie Callaud (L.C.) : C’est notre première création complète avec Raphaël, ce n’est pourtant pas la première fois que nous travaillons ensemble (j’étais chanteuse et lui était danseur lors de notre premier projet). Météore est une création originale, pour laquelle nous avons décidé de mettre à profit nos carnets d’adresses ; en réunissant des personnes aux parcours artistiques différents, on veut proposer quelque chose de très novateur.
Pour présenter rapidement le synopsis, le spectateur suivra Cyril, journaliste cynique venu écrire un article à charge contre la nouvelle génération, invité – avec d’autres personnages – d’une soirée dont l’hôte est inconnu. Il rencontre Ivane, dont l’innocence le touche, et contraste avec les autres convives de la soirée, personnifiant chacun un vice qui se rattache à notre époque. Dans la confrontation avec Ivane, créature de pureté, chaque protagoniste est amené à se remettre en question. Chacun ressortira transformé de cette soirée, dont le dénouement ne laissera personne indifférent.
Raphaël Anatole (R.A.) : Si vous avez envie de découvrir une pièce de théâtre musical qui réinvente les codes du genre, tout en restant fidèle aux fondamentaux de la comédie musicale, Météore est fait pour vous. Nous allons oser apporter de nouvelles dimensions, avec l’introduction d’un mélange de rap, chanson pop, danse hip hop d’autres influences. C’est aussi le reflet de mon parcours personnel artistique et de la formation reçue au Cours Florent, qui donne quelque chose chose de très contemporain pour parler au plus grand nombre.
L.C. : Notre spectacle sera une fusion entre un théâtre assez classique et une comédie musicale. Le texte est au cœur de l’œuvre, appuyé par sept chansons et des bandes sonores. La profondeur du texte est vraiment au centre, mais avec un côté très novateur apporté par les arts urbains en général, sous l’impulsion de Raphaël qui amène beaucoup d’inspirations. C’est après la création de notre chanson pour la carte blanche en fin de deuxième année au Cours Florent que l’idée a vraiment pris forme, et qu’on a décidé de créer un vrai spectacle musical.
M.A : D’où vous vient l’histoire, quelles ont été vos influences ?
L.C. : Il y a beaucoup de choses qui nous ont inspirés. Une de nos sources est le personnage de l’Idiot de Dostoïevski. On s’est aussi laissé guider par nos traits de caractère ou nos histoires personnelles. À tel point que, je me souviens que lors d’une séance d’écriture où nous étions en désaccord sur certaines tournures de phrases, j’ai répliqué spontanément à mes partenaires dans un ton oral très direct, et ces phrases correspondaient tellement à ce qu’on voulait dire qu’on les a intégrées telles quelles dans notre version finale. Comme quoi la création peut surgir à n’importe quel moment.
Nous avons réfléchi à mettre en présence des personnages avec des vices bien identifiables pour le public, pour que le récit puisse prendre forme. D’ailleurs, la première lettre du prénom de chacun des personnages est une référence avec son trait de caractère dominant (par exemple, Damien sera dépressif, ou Ivane – que j’interprète – revêtira la personnalité de l’Idiot).
Il faut savoir que mon frère a écrit la pièce avec nous (ou plutôt nous avec lui). Au départ, c’est lui qui a eu l’idée de partir du personnage de l’Idiot, et de le transposer dans notre époque moderne pour interroger le spectateur sur la situation de la jeunesse et de notre société. Il a aussi eu l’idée de créer le cadre de la soirée comme unité de temps, formant un décalage entre le personnage d’Ivane, empreint de pureté, et les autres invités qui sont un peu des archétypes personnifiant les travers de la société. Dès qu’on a entendu parler de l’histoire, ça nous a tout de suite convaincu, on y a été sensible avec Raphaël et nous avons créé les personnages ensemble au fur et à mesure, au cours de plusieurs résidences d’écriture depuis juin 2022.
R.A. : Outre l’œuvre littéraire qui doit apporter une profondeur et une réflexion philosophique dans le scénario, nos influences viennent aussi de Gatsby le Magnifique (pour l’atmosphère de fête et l’approche cinématographique) et de Rent. C’est assez drôle quand on y repense car, au moment où on a démarré la création, nous ne savions pas du tout que ce spectacle serait celui choisi par Alexandre Faitrouni pour le spectacle de fin d’année au Cours Florent. On peut retrouver certaines similitudes pour quelques personnages. Et à titre personnel, en tant que chorégraphe, je me suis aussi inspiré de Climax de Gaspard Noé, qui a une façon fascinante de captiver les scènes et créer des ensembles de danse.
M.A. : À quoi devons-nous nous attendre en allant voir Météore ?
L.C. : En apparence, c’est presque une tragédie qui se déroule le temps d’une seule soirée où tous les évènements se précipitent. Mais Météore va au-delà : c’est une fresque générationnelle complexe et profondément réaliste. À travers l’œil critique de Cyril, la pièce explore les défis, les travers et les contradictions de notre époque, exposant sans détour les aspects atroces de la nouvelle génération. Cependant, cette plongée dans les ténèbres est contrebalancée par une lueur d’optimisme qui éclaire le récit de bout en bout. Chacun va être amené à s’interroger, se transformer et évoluer (ou pas…), à l’image de Cyril passant d’un article déconstructeur sur la jeunesse actuelle à un écrit ciblé invitant à l’espoir, auquel il donnera pour titre « Météore ». Ce cheminement offre un voyage initiatique captivant, où chaque personnage se métamorphose vers une forme de rédemption possible. Le message global se veut optimiste et ça nous tient à cœur. D’ailleurs, dans ses notes d’intention, mon frère précisait que : « tous les personnages évoluent à la hauteur de leurs efforts et des hasards de la vie ». Ce hasard, catalyseur des transformations, c’est Ivane.
M.A. : Comment avez-vous travaillé à plusieurs pour l’écriture et la composition ?
Raphaël et Lucie : Nous avons écrit à plusieurs, avec Romain (le frère de Lucie), et c’était un défi de réussir à mêler les styles tout en gardant une ligne cohérente. L’influence de différents univers créatifs – chacun apportant sa propre touche – est parfois difficile à combiner. Romain a un style très poétique, très soutenu, qui correspond bien au personnage de Cyril mais qui pouvait perdre le spectateur pour les autres personnages. Nous avons fait plusieurs séances d’écriture, progressivement pour construire l’histoire, et trier la multitude d’idées que l’on avait.
Et concernant la musique, nous avons la chance de travailler avec Adrien Sepulchre, dont c’est la première comédie musicale (mais qui est connu pour avoir déjà composé de nombreuses musiques de bande annonce pour Hollywood). Au fur et à mesure que l’on avançait sur l’écriture, on allait chez Adrien environ toutes les six semaines pour lui faire part de nos idées et créer les chansons. En lui partageant nos inspirations et les styles musicaux qu’on voulait, il nous a amené son expérience pour composer toutes les parties musicales et les bandes orchestrales. On retravaillait le texte sur les chansons, souvent avec nos acteurs principaux qui se sont pliés à l’exercice pour écrire sur leur propre personnage. La direction artistique s’est faite en commun et chacun a amené le meilleur de ses compétences pour la création d’ensemble.
MUSICAL AVENUE : Météore réunit deux metteurs en scène et un chorégraphe, une cheffe de projet, une directrice musicale ; comment vous êtes-vous organisés ?
NB : Hugo Prieur et Jérémy Mekkaoui, les deux metteurs en scène, nous ont rejoints
L.C. : Le plus dur pour moi c’est d’apprendre à déléguer, je suis tellement investie depuis le début dans ce projet que c’est parfois difficile de m’en détacher, mais je dois pouvoir me laisser guider par les autres (notamment les metteurs en scène) pour travailler mon personnage.
Jérémy, Hugo, avec la complicité de Raphaël : Venant de la section théâtre du Cours Florent (pour Jérémy et Hugo), nos idées de mise en scène viennent de tout ce qu’on a pu apprendre et de ce qu’on a pu voir en allant au théâtre. Cette collaboration marque notre première expérience en tant que metteurs en scène. La fusion de la mise en scène et des moments musicaux crée pour nous une opportunité nouvelle pour enrichir l’expérience scénique. Le texte occupe une place centrale dans l’œuvre, et la musique agit comme un moyen supplémentaire de communication, renforçant et amplifiant les émotions. Les chorégraphies viennent soutenir ce qu’on veut raconter, c’est un peu nouveau pour nous mais c’est un outil supplémentaire pour raconter l’histoire. À certains moments, les danses se suffisent à elles-mêmes et créent des moments de respiration entre les dialogues, on travaille alors de concert avec Raphaël pour que les changements entre les scènes soient fluides.
Pour la première date à Le Vigeant, où le spectacle se joue en extérieur, nous avons d’ailleurs dû repenser la mise en scène et les chorégraphies. Même si le cadre est très beau, on doit diriger les artistes différemment pour adapter la situation avec le fait qu’on est en plein air. On doit également adapter les déplacements et les lignes chorégraphiques car la scène est beaucoup plus profonde qu’un plateau classique du Cours Florent.
Hugo Prieur : Météore est vraiment une œuvre collaborative et multidisciplinaire. Je l’ai ressenti avec émotion lors du tournage du teaser pour le premier tour des TFE. Avec un mélange de stress et d’excitation, on s’est retrouvé tous ensemble et j’ai vraiment réalisé pour la première fois que j’allais travailler pendant plusieurs mois avec des artistes de tous horizons. C’est un des moments de rencontre fondateurs pour Météore.
MUSICAL AVENUE : Quelles sont vos ambitions après le TFE pour faire connaitre votre création ?
Lucie et Raphaël (avec les interventions de Jérémy et Hugo) : S’agissant d’une création originale, on réfléchit à faire sortir ce projet des murs du Cours Florent pour le présenter dans les théâtres, à Paris et en région. On s’interroge encore sur le format de nos futures collaborations, par le biais associatif ou la création d’une troupe. Ce qui est sûr c’est que tous les artistes sont extrêmement motivés pour faire vivre Météore le plus longtemps possible. Dès le départ, nous savions quelles personnes nous voulions pour interpréter nos principaux personnages, et elles nous ont quasiment toutes rejoints sans hésiter ; nous sommes une troupe très soudée depuis les prémices du TFE. Au fur et à mesure, un vrai engouement s’est créé autour de ce projet, au point qu’on pourrait aujourd’hui qualifier cela d’aventure familiale.
D’ailleurs, les parents de Lucie ont créé le premier festival de musique et de théâtre de Millac (Millac en fête, à retrouver ici) et Météore a sa première représentation dans le cadre de ce festival. C’est une énorme marque de confiance et de soutien pour tous les artistes, cela nous aide aussi à rencontrer des professionnels, apprendre encore plus vite pour proposer un théâtre musical novateur et émouvant. Nous pensons que ce genre de spectacles peut plaire à toutes les générations, parce qu’il traite de sujets très actuels et en phase avec la jeunesse, dans des styles musicaux et artistiques renouvelés. Météore aurait parfaitement sa place dans d’autres festivals, en région, et nous espérons convaincre un maximum de professionnels et d’institutionnels pour jouer ce spectacle encore de nombreuses fois.
Si vous souhaitez soutenir Météore, vous pouvez participer à la cagnotte en ligne ICI
Et assister à la toute première représentation lors du festival « Millac en fête «
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