Rencontre avec Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey, lauréats du Trophée de la comédie musicale jeune public 2022

Temps de lecture approx. 9 min.

Alors que la cinquième édition de la cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale se tiendra le 12 juin prochain, la précédente édition a récompensé bon nombre d’artistes et de spectacles. Parmi eux, Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey ont remporté le trophée de la comédie musicale jeune public. Pour Musical Avenue, ils reviennent sur leur parcours et leur aventure qui continue

Musical Avenue (M.A.) : Quel chemin parcouru depuis les premières représentations à la Comédie des 3 Bornes ! Y a-t-il eu des changements dans le spectacle ?

Julie Costanza (J.C.) : On maîtrise nos personnages avec plus d’aisance ; on est également plus complices avec Jean-Baptiste (mon partenaire de choc !) et on a acquis des automatismes qui nous permettent d’être plus à l’aise pour improviser avec le public. On a beaucoup d’interactions avec la salle et c’est chaque fois différent. Je m’amuse avec les gens, m’adapte à leurs réactions. Surtout avec les enfants, il faut accepter de ne pas tout maîtriser. Le public nous aide beaucoup, on invente à chaque représentation, car on le questionne et il nous répond ; sans aller jusqu’à l’improvisation on peut dire qu’on a une marge de liberté.

Jean-Baptiste Darosey (J-B. D.) : On essaie en permanence d’imaginer comment nos personnages pourraient réagir, on tente de nouvelles nuances. A chaque fois qu’on passe une étape, Stéphanie Gagneux (notre metteuse en scène) revient et rectifie lorsque l’on va trop loin. Le travail n’est jamais fini, elle dépeint les personnages au plus juste, pour garder l’essentiel. Au fur et à mesure des dates de spectacles, nos points de vue sur les personnages évoluent, Stéphanie joue les garde-fous pour nous recentrer sur l’essence d’origine et la cohésion entre toutes les scènes. Aller à l’essentiel pour amuser et captiver, c’est finalement assez difficile.

M.A. : Parlez-nous un peu de ceux qui vous entourent pour ce spectacle ?

J-B. D. : Nous sommes deux sur scène, mais ce spectacle c’est un vrai travail d’équipe : Stéphanie Gagneux et Simon Galland ont un œil très éclairé pour la mise en scène et nous ont beaucoup guidés. Nos familles nous ont aussi aidés pour les accessoires et les costumes. Nos amis ont participé aux enregistrements des bandes-sons (notamment pour faire le chœur des prétendants) sans rien nous demander en retour. On a envie de montrer tout ce travail au public.

J.C. :  La mise en scène est très précise, nous avons créé de vrais moments de théâtre où on attire l’attention du public d’un côté de la scène, mais il doit être attentif à tout ce qui se passe partout (comme pour la séquence avec Circée) ; chaque personnage est actif et il y a toujours quelque chose à voir au-delà du sens premier. De toute façon c’est une nécessité, parce que les enfants s’attachent à tous les détails et connaissent mieux l’histoire d’Ulysse que ce que l’on croit. Tout le monde a aussi veillé à ce que les traits comiques soient incrustés dans l’histoire que l’on raconte ; on ne fait pas une blague juste pour faire rire, il faut qu’elle participe au récit.

Crédit photo : Stéphane Parphot

M.A. : Vous souvenez-vous de ce que vous avez ressenti lorsque vous avez remporté le trophée ? Vous pouvez nous en parler?

J.C. : Rien que d’être nommé était déjà incroyable, on n’y pensait pas du tout lorsqu’on a démarré le spectacle. Je suis allé à la cérémonie sans penser que l’on pourrait remporter le trophée. Et lorsqu’on a annoncé notre nom, je n’ai pas réalisé tout de suite, je suis resté immobile et je crois que ça se voit sur la captation vidéo, on ne comprend pas tout de suite qu’on a gagné et qu’on doit monter sur scène.

J-B. D. : Être nommé face à grands spectacles (tels que Le Tour du Monde en 80 jours ou Pirates, le destin d’Evan Kingsley), produits par des professionnels aguerris du monde du spectacle musical était déjà impressionnant. Nous ne sommes pas une grosse production, nous faisons tout par nous-mêmes et nous sommes deux sur scène pour jouer quinze personnages. Notre récompense c’est aussi de se dire que la qualité de travail donne une chance à toutes les compagnies, petites et grandes, d’être reconnues et nommées. 

M.A. : La reconnaissance de votre travail continue, puisque vous avez été nommés aux Molières cette année. Qu'est-ce qu'on ressent quand on surfe sur le succès ?

J.C. : Je ne pensais même pas qu’il était possible que le spectacle soit éligible ! Odyssée n’est pas une pièce de théâtre, mais c’est vrai qu’elle en a les codes. Nous avons voulu soigner l’écriture, avoir une réflexion sur le rythme des scènes et la mise en scène. 

J.B- D. : Nous n’avions jamais imaginé ça. Deux jours après la quatrième cérémonie des Trophées de la comédie musicale, nous avons commencé 30 dates au Lucernaire pour cette nouvelle saison 2022-2023. Puis le théâtre de la Huchette nous a donné l’opportunité de jouer 10 dates supplémentaires. Nous n’avions pas compté au début, et on a soudain réalisé que le seuil pour être éligible aux Molières est de 40 représentations. D’un coup le spectacle a été éligible pour cette année, et être nommé est déjà quasiment une victoire. D’ailleurs cette nomination est arrivée dix jours avant que l’on reprenne le spectacle au Lucernaire, il y a vraiment quelque chose de spécial avec ce lieu qui nous porte chance ! 

M.A. : Lequel d'entre vous a gardé le trophée ?

J.C. : C’est une passation, le trophée est en garde alternée ! Pour l’instant il est chez moi dans le salon, mais il retourne bientôt chez Jean-Baptiste. On s’organise en fonction de nos familles, lorsqu’ils veulent le voir.

M.A. : Qu’est-ce qui a changé depuis votre victoire ?

J.C. : Suite à la cérémonie, j’ai eu plusieurs retours de la part de petites compagnies, pour nous exprimer leur contentement et nous dire que ça leur donne de l’espoir pour que les petits spectacles puissent avoir une visibilité. Il se passe la même chose depuis la nomination aux Molières. Dans le milieu du spectacle musical il y a plus de gens qui sont venus aussi, sûrement par curiosité. On attire un public plus large.

J-B. D. : Le logo des trophées qu’on a ajouté sur l’affiche et les Molières sont des signes qui rassurent les gens. Au début, certains pensaient vraiment qu’ils allaient assister à une conférence historique, et peut-être que ça détournait une partie du public. Depuis l’année dernière, les gens prêtent moins attention au mot “conférence” et se laissent tenter par ce qu’on propose.

M.A. : En touchant un public plus large vous jouez maintenant dans des salles plus grandes ; avez-vous envisagé d’adapter le spectacle avec des micros?

J.C. : On vient de terminer une petite tournée de plusieurs dates, et selon la taille de la salle nous avons dû recréer le spectacle avec des micros. En revenant au Lucernaire on souhaite retrouver l’effervescence des débuts. C’est parfois difficile car il faut fournir beaucoup d’énergie pour embarquer les spectateurs dans le voyage, mais ça nous semble tellement important de rester authentique et naturel. Surtout que nos personnages (René et Marie-Louise) sont censés pouvoir faire partir du public, ils doivent donc se fondre dans la masse (mais on ne veut pas trop en dire pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui ne seraient pas encore venus !).

J-B. D. : Il faut trouver l’équilibre avec la capacité de la salle. L’histoire ne se prête pas à jouer dans de grands volumes ; on doit garder la proximité avec le public, surtout pour les moments d’interaction, les quizz avec les enfants, ajuster le volume des bandes-son avec nos voix pour les parties chantées. Cette mécanique est le cœur du spectacle pour créer le rythme et les aspects comiques, il ne faut pas ériger de barrière avec le spectateur.

Crédit photo : Stéphane Parphot

M.A. : Découvrons-en un peu plus sur vous, dites-nous ce qui vous plaît dans la comédie musicale ?

J-B. D. : Ça va au-delà du théâtre, j’ai la sensation d’amener de la poésie aux dialogues, les phrases deviennent magiques. La comédie musicale, c’est l’alliance du texte et de la mélodie, la collaboration harmonieuse et équilibrée entre deux arts égaux, et ça me procure beaucoup plus d’émotions. Et puis, j’adore chanter ! Pouvoir allier le jeu et le chant c’est parfait.

J.C. : Pour la petite histoire, je ne connaissais aucune comédie musicale à mes débuts.  J’ai fait beaucoup de théâtre dans ma jeunesse et dans mon parcours, à côté je faisais aussi de la musique. Et puis je suis arrivé dans l’univers du spectacle musical, notamment avec les films et productions Disney, je pense que c’est une porte d’entrée pour beaucoup. Les émotions sont décuplées avec la musique ; quand il y a un chœur, des harmonies, les frissons me gagnent, tu sens que le personnage n’est pas là juste pour chanter mais qu’il raconte son histoire en y mettant toutes ses tripes, et je suis complètement embarquée. J’aime décortiquer et analyser les partitions, et je suis toujours fascinée de voir comment les mots et les notes peuvent s’harmoniser pour véhiculer une émotion.

M.A. : Avez-vous d’autres projets, d’autres envies créatives ?

J.C. : Déjà nous avons envie de porter notre spectacle jusqu’où il peut aller. Nous sommes revenus au Lucernaire depuis avril, on devait s’arrêter en juin mais on a prolongé jusqu’en septembre. Nous sommes honorés de la confiance de la part de la direction du Lucernaire.  Il y a un vrai bouche à oreille sur ce spectacle, le public semble être au rendez-vous de plus en plus, alors on continue l’aventure ! 

J’ai participé à d’autres spectacles pour enfants, également à Love Songe Thérapy et je serai également dans Drôle de Jam au festival d’Avignon cet été 2023. 

J-B. D. : Ce spectacle occupe déjà une bonne partie de mon temps. Nous avons une tournée prévue pour une vingtaine de dates entre janvier et mars 2024, puis on reprendra sûrement sur Paris. Tout ça s’est accéléré suite à l’annonce de la nomination du spectacle aux Molières, nous avons reçu des confirmations en quelques jours. En parallèle, je joue aussi dans La Chienne des Baskerville (au théâtre Le 13ième art) jusqu’à fin juin. On espère pouvoir créer d’autres spectacles avec Julie, en tout cas la victoire aux Trophées nous donne confiance. Nous nous sentons plus légitimes et essayons de ne pas nous mettre de barrières qui nous limitent.  On doit pouvoir raconter n’importe quelle histoire avec du travail et de la précision. 

Crédit photo d’en-tête : Patrick Bosc

Musical Avenue remercie chaleureusement Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey pour cette interview et le temps consacré à cet échange.
ODYSSÉE, LA CONFÉRENCE MUSICALE
Image de Fabrice Felez

Fabrice Felez

Après une enfance où mes loisirs sont centrés autour de la musique et de la danse, c’est tout naturellement que la comédie musicale se présente à moi. En parallèle de mes études de droit, je m’initie aux spectacles, tant modernes que plus traditionnels, qui font naître en moi une véritable passion. Cet élan me pousse à intégrer l’équipe de Musical Avenue pour partager mes découvertes et vous donner envie d’apprécier les trésors de la scène parisienne et française.
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