Rencontre : Fabian Richard, lauréat du Trophée de la Comédie Musicale "Artiste Interprète Masculin" 2018

Temps de lecture approx. 7 min.

On ne présente plus Fabian Richard dans le milieu de la comédie musicale française. Des 10 Commandements à Cabaret en passant par Chance, 31 ou encore Mistinguett Reine des Années Folles, son talent le mène depuis plusieurs années de projet en projet. Son dernier rôle en date, celui de Pierre dans Comédiens !, actuellement au Théâtre de la Huchette, lui a permis de décrocher le trophée de l’artiste interprète masculin lors de la dernière édition des Trophées de la Comédie Musicale. Rencontre.  

Les Trophées de la Comédie Musicale

Musical Avenue : Où étais-tu lorsque tu as appris ta nomination aux Trophées de la Comédie Musicale ?

Fabian Richard : J’étais aux 20 ans de la Compagnie Corinthe, une association de théâtre amateur que dirige mon père dans ma ville natale, au Havre. Cette compagnie, c’est une grosse partie de ma vie, de ce qui a contribué à me donner envie de faire ce métier. Donc le hasard fait bien les choses ! Lorsque je l’ai appris cela m’a fait très plaisir, évidemment, mais en même temps j’ai vite pensé au fait que Cyril (Romoli, ndlr, son partenaire dans Comédiens !) et moi étions nommés dans la même catégorie. Et que, forcément, l’un de nous n’aurait pas le trophée.

M.A. : Quelle a été ta première pensée lorsque tu as gagné ?

F.R. : Est-ce que je vais avoir le courage de lire le discours rigolo que m’a écrit mon ami Thomas Maurion ? Au départ je n’étais pas sûr de le faire, mais à vrai dire heureusement que j’avais ce discours dans la poche car au-delà de mon métier de comédien, je ne suis pas très bon orateur en public. Je suis quelqu’un d’assez discret, cela vient sans doute de mon éducation… Ma mère est portugaise, et chez les portugais, on ne se fait pas remarquer. On grandit avec l’idée qu’il ne faut pas gêner les gens, toujours être poli, ne jamais faire de vagues, ne pas être en retard. Donc finalement, je l’ai lu, ce texte ! Je lui avais demandé d’y insérer deux-trois blagues parce qu’il a un humour ravageur (il écrit d’ailleurs pour beaucoup d’humoristes). De manière générale, j’ai du mal avec toutes les prises de parole en public et notamment avec les interviews car c’est pour moi faussement naturel, surtout à la télévision. Il faut soit savoir manier la vanne, soit être très érudit. Si tu es juste toi-même, c’est à dire quelqu’un de discret, un peu banal en ce qui me concerne, les gens zappent. Au final, c’est aussi du spectacle. Et les remerciements comme lors de la cérémonie des Trophées, c’est encore du spectacle.

M.A. : Où as-tu mis ton trophée ?

 F.R. : Je l’ai mis sur une petite étagère, à côté du prix du meilleur interprète masculin que j’ai reçu au festival des Musicals de Béziers en 2007 et de mon diplôme de nominé aux Molières 2007 pour la révélation théâtrale dans Cabaret. Mais il n’est pas très bien mis en valeur parce que pour ne rien cacher, ce n’est pas très bien rangé chez moi (rires) !

 

Ton parcours

M.A. : Qui es-tu ?

F.R. : Je suis quelqu’un de pudique, donc pour moi c’est un exercice difficile de parler de soi-même ! Si je devais résumer, je dirais simplement que j’ai découvert le monde du spectacle lorsque j’avais 8 ans, en même temps que mon père avec lequel j’ai partagé la scène dans une version amateur des Misérables de Robert Hossein dans un village de vacances. J’ai ensuite fait régulièrement de la scène, je me suis inscrit au club de théâtre du lycée, puis j’ai commencé à prendre des cours à l’école de théâtre des Bains-Douches au Havre tout en passant mon Bac. Après cela, je suis allé à Paris suivre la formation aux arts du spectacle Guy Bontempelli, qui avait écrit le livret de la comédie musicale Mayflower en 1975, tout en suivant un cursus universitaire en fac de droit. J’ai ensuite commencé à travailler en jouant des contes pour enfants au Havre, ce qui m’a permis de devenir intermittent très vite et m’a facilité la tache pour arriver dans ce métier.

M.A. : Pourquoi la comédie musicale ?

F.R. : C’est vraiment la découverte des Misérables étant enfant qui m’a poussé à m’intéresser à la comédie musicale. Ce spectacle est aujourd’hui devenu une sorte de madeleine pour moi.

M.A. : Quelles sont tes influences ?

F.R. : Elles sont nombreuses. J’ai des goûts très variés en matière de comédie musicale, qui vont des Misérables de Schönberg à Sondheim en passant par Jason Robert Brown. J’ai également été bercé par la musique qu’écoutait mon père : Stevie Wonder, Jean Ferrat, Jacques Brel,… Tout cela a forgé ma culture musicale et m’a sensibilisé dans l’envie de faire un métier artistique, et sans doute un peu musical. Cela m’a fait vibrer dès mon plus jeune âge. Aujourd’hui, je ne peux pas dire que je suis influencé par quelqu’un en particulier, même si, quand j’étais adolescent, Jérôme Pradon que j’avais vu plusieurs fois sur scène à Mogador a longtemps été un modèle. Mais c’est surtout Guy Bontempelli qui m’a formé et m’a donné de vraies bases de sincérité, de technique, de ressenti… J’ai vraiment beaucoup appris de lui.

M.A. : Quels ont été les moments les plus marquants de ta carrière ?

F.R. : Il y a tellement de moments forts à vivre dans ce métier, même si ce n’est pas toujours facile, que réduire cela à une poignée de moments choisis va être assez compliqué… Je dirais déjà ma première grande scène en 2000 dans Da Vinci, au Casino de Paris. J’avais 25 ans. La troupe était entièrement composée de québecois qui avaient un niveau de malade, je me sentais un peu comme un imposteur, mais tout le monde m’avait très bien accueilli et vite rassuré. J’ai ensuite eu la chance d’enregistrer une maquette en français et en anglais avec l’une de mes idoles dont j’ai parlé tout à l’heure, Jérôme Pradon, pour un spectacle qui n’a jamais été monté, Victor et Damien, qui racontait une très belle histoire d’amour entre deux hommes. Cela restera un grand moment pour moi. Ensuite il y a eu la nomination aux Molières, la première de Cabaret avec la salle qui hurlait,… C’était incroyable. Et il y a eu bien sûr le moment où j’ai appris que j’étais pris dans Cabaret ! C’était pour moi une période un peu creuse comme on en connaît souvent dans ce métier, et je m’étais dit  « allez, ça suffit, passe une dernière audition et on verra ». Lorsque j’ai appris que j’avais décroché le rôle de Emcee, j’étais dans un bar et j’ai eu du mal à y croire. Il faut dire que juste avant cela, j’avais failli faire 3 ou 4 spectacles d’affilée pour lesquels j’avais été engagé mais qui n’avaient finalement pas abouti. Donc je leur ai répété plusieurs fois au bout du fil : « C’est sûr ? J’ai bien le rôle ? Tout le monde a donné son accord ? » (rires). Le rôle d’Emcee, avec celui de Ruben dans 31 et celui de Pierre que j’endosse actuellement dans Comédiens!, resteront pour moi les rôles les plus forts et les plus intéressants que j’ai joué. Mais le rôle de Pierre est pour moi vraiment sur le haut du podium. Comédiens ! est une véritable pièce d’acteurs, très bien écrite. S’il y en a un de nous trois qui tombe, toute la pièce tombe.

Ton avenir

M.A. : What’s next en 2018 ?

F.R. : Je continue l’aventure avec Comédiens !, qui joue les prolongations au moins jusqu’en septembre prochain, avant de partir probablement en tournée. Je vais donc me consacrer uniquement à ce spectacle pour le moment. Je me rends compte de la chance que j’ai d’avoir ce rôle-là dans cette pièce musicale-là, et j’en profite au maximum.

M.A. : Et ensuite ? Fabian Richard dans quelques années ?

F.R. : Je serai incapable de le dire ! Je sais simplement que j’ai envie de travailler le plus possible, même si depuis deux ans je n’ai pas trop à me plaindre. Idéalement, j’aimerais alterner les films, les pièces de théâtre et les comédies musicales pour pouvoir continuer à jouer dans des formats variés. Mais pour l’instant, je me concentre sur Comédiens !. Ensuite, on verra bien !

 


Propos recueillis à Paris le 12 juillet 2018 par Chloé Enkaoua

Image de Chloe Enkaoua

Chloe Enkaoua

J'ai trois passions dans la vie : les voyages, les romans de Stephen King et les comédies musicales. En grandissant au milieu de quatre grandes sœurs, j'ai été biberonnée aux films musicaux, de "Hair" à "The Chorus Line" en passant par "West Side Story", "Grease" et "Fame". Depuis 2008 et mon arrivée à Paris pour exercer le métier de journaliste, j'écume les salles de spectacles pour y découvrir les nouvelles comédies musicales à l'affiche. Et lorsque je le peux, celles de Broadway et du West End également !
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