Rencontre : Nassim Meziane nous présente le projet « In The Heights »

Temps de lecture approx. 8 min.

Pour beaucoup d’entre vous, le mois d’août rime avec vacances. Vous vous prélassez au soleil sur la plage en écoutant nos playlists, et vous avez bien raison. Mais pour les élèves du Cours Florent, le mois d’août est particulièrement chargé. À peine viennent-ils de finir de présenter les spectacles de fin d’année qu’ils se lancent dans la finalisation de leurs travaux de fin d’études. À travers une petite série d’actualités, nous allons à la rencontre de ces jeunes diplômés à l’énergie débordante.

Les travaux de fin d’études (TFE) du Cours Florent

Vous vous demandez peut-être ce qu’est un TFE ? Le Cours Florent offre à ses étudiants de troisième année la possibilité de créer leur propre spectacle et de se confronter à tous les aspects de la production d’une comédie musicale. De l’idée de départ jusqu’à la présentation finale, l’étudiant doit choisir une œuvre existante ou la créer, planifier les auditions et les résidences, organiser les traductions, préparer les répétitions, sans compter les adaptations musicales, les costumes, la lumière, la mise en scène, les chorégraphies… Tout cela en trouvant des financements autonomes. Il s’agit donc de préparer un spectacle entier et d’expérimenter les métiers du monde du spectacle. 

C’est un véritable défi logistique et humain. L’année dernière, Valentin Lacouture avait présenté Jamie, depuis sélectionné aux hivernales du Cours Florent. La promotion 2022 se lance avec ambition dans plusieurs TFE qui verront le jour en septembre prochain. Et c’est Nassim Meziane qui sera le premier à présenter son travail début septembre. Il a choisi le désormais incontournable In The Heights, une œuvre qui lui tient à cœur et qui fait écho à sa propre histoire. 

Note de la rédaction : cet article est présenté comme une retranscription des échanges avec Nassim Meziane, sous forme de questions/réponses où nous avons souhaité conserver certaines formulations orales.

Musical avenue (M.A) : Peux-tu nous parler de tes liens avec le milieu artistique, nous dire d’où tu viens ?

Nassim Meziane (N.M) : Originaire de la région marseillaise, mon approche s’est faite par le cinéma ; tout petit je disais déjà que je voulais être acteur. Je suis passionné par cet art, et je pouvais aller voir 5 ou 6 films par semaine. Adolescent, je réalisais des petits films avec mes frères. Pour l’aspect musical, je suis de la génération Disney Channel, High School Musical a été le film marquant qui réunissait mes deux passions, même s’il pouvait alors être difficile de l’exprimer.

Au lycée, je réalise un court métrage pour le bac en suivant un cursus audiovisuel, et j’intègre un groupe de rock pour apprendre la guitare. Je reste influencé par les musiques rap et hip-hop, c’est aussi une des raisons qui font que j’ai choisi In The Heights comme projet de fin d’études. Après le bac, j’ai intégré une école d’infirmier pendant trois ans, puis je suis parti au Cambodge pour une mission humanitaire. C’est une expérience qui m’a profondément marqué et qui influence encore ma vie. 

M.A. : Avec ce parcours plutôt atypique, comment en es-tu venu à intégrer le Cours Florent?

N.M : A l’école d’infirmier je faisais déjà le comédien, je prenais le micro pour quelques impros, les autres me surnommaient “le Cours Florent”. Ça nous faisait rire avec ma famille, mais à force d’en parler l’idée a fait son chemin. Finalement, c’est grâce à mon frère aîné que tout s’est décidé. À mon retour du Cambodge et comme cadeau de fin de cursus, il m’a offert un stage d’été au Cours Florent. C’était la première fois que je touchais vraiment du doigt ce monde, pendant tout le stage c’était un mélange d’angoisses et de joie, et beaucoup d’émotions. J’ai fini par passer l’audition de comédie musicale, et j’ai été sélectionné. Tout est alors allé très vite, en une semaine j’ai changé de vie et j’ai suivi les trois années d’études. 

Nassim Meziane

M.A : Pourquoi avoir retenu In The Heights pour ton travail de fin d'études ?

N.M : Au début, je ne pensais pas faire de spectacle. Mais lorsque j’ai vu le film au cinéma, trop de choses ont fait écho à ma propre histoire, et j’ai senti que je voulais porter ce projet et ses valeurs. C’est un spectacle qui parle de la famille, de ses racines, d’égalité des chances, d’une rage d’exister. Anthony Ramos – qui endosse le rôle d’Usnavi dans le film – a une façon d’exprimer ces choses à l’écran qui m’a captivé, je veux essayer de transposer ça sur une scène.

In The Heights me donne aussi l’occasion de faire la synthèse entre toutes mes influences musicales (notamment celles de ma région natale), théâtrales et cinématographiques. Comme pour Dear Evan Hansen qui a aussi été une révélation, il y a beaucoup d’aspects empruntés au théâtre. J’essaie d’écrire toutes les scènes pour les comédiens pour que les chansons s’intègrent aux dialogues, comme un prolongement l’un de l’autre, et sans dénaturer l’œuvre d’origine. 

Recréer un sentiment de famille, d’appartenance et de solidarité est ce qui me tient le plus à cœur sur ce projet. Je ne me vois pas réussir tout seul, c’est l’énergie commune qui va nous permettre de monter ce spectacle. En m’inspirant un peu du théâtre d’Ariane Mnouchkine, je veux que tout le monde puisse participer pour traverser ensemble les difficultés, pour que ce que les comédiens vivent soient le plus vrai possible, qu’ils puissent s’en servir sur scène. 

M.A. : Tu parles des difficultés à traverser, quels sont tes plus grands défis pour ce spectacle?

N.M : Je ne saurai pas en citer un en particulier, concevoir ce spectacle est un challenge de tous les jours. Il a déjà fallu s’attaquer à la traduction, même si elle n’était pas obligatoire. On y a passé des nuits entière avec Shirine Beyraghi, et avec l’appui et les regards critiques de Mallory Cheminet et Clarisse Blondelle (ma directrice musicale). Il fallait faire attention à garder la rythmique et l’esprit des textes, transcrire le cri des habitants d’un quartier qui ne se sentent pas entendus. Je me suis appuyé sur ma culture rap de ma jeunesse (qui n’est pas si courante au Cours Florent), pour essayer de produire des textes percutants et incisifs, en gardant des émotions pures.  J’interprète aussi le personnage principal (Usnavi), c’est complexe de porter un regard à la fois intérieur et extérieur sur la création, mais aussi très excitant.

Le plus difficile c’est peut-être de réussir à faire coïncider les disponibilités de chacun. On est tous très occupés, on participe à plusieurs spectacles en même temps, et certains acteurs vont intégrer la troupe du Roi Lion à Mogador pour la prochaine saison. C’est une chance incroyable pour eux, mais j’ai vraiment envie que tous ceux que j’ai choisi puissent continuer l’aventure. J’essaie d’organiser les répétitions en fonction de toutes ces contraintes. 

J’espère que le résultat final sera à la hauteur de tout l’investissement qu’on y met. Il y aura sûrement des maladresses, mais c’est aussi ce qui fait la beauté d’un spectacle. Je suis persuadé que dans l’imperfection réside la beauté et la fragilité d’une œuvre ; être fier de ses faiblesses et croire en soi malgré tout, c’est exactement ce que raconte In The Heights.

In The Heights TFE Cours Florent Paris Archereau

M.A : On ressent un grand plaisir lorsque tu parles des artistes qui t’accompagnent sur ton projet, tu es fier de leur travail?

N.M : C’est exactement ça. Au-delà du projet lui-même, j’ai le sentiment qu’on forme une famille. Je les trouve tous formidables, professionnellement et humainement, j’ai envie de les mettre en avant et qu’ils prennent toute leur place sur scène. Ce sont les valeurs qu’Alexandre Faitrouni nous a partagées, oser être nous-mêmes, prendre plaisir et travailler ensemble. Je tiens vraiment à dire que je ne serai rien sans le groupe, ce projet n’aurait vraiment pas pu voir le jour sans l’investissement et la singularité de chacun.

M.A : Pour finir, quels sont tes autres projets pour les semaines qui viennent ?

N.M : Je participe au T.F.E Pippin en tant que régisseur, et on me verra aussi dans le T.F.E Hamilton (un mois de septembre bien rempli). Je reste fortement attiré par le monde du cinéma, ma passion initiale, je passe plusieurs castings et je reste prêt pour toute opportunité qui se présenterait. 

Vous pouvez aider In The Heights TFE en participant à la cagnotte en ligne et en vous abonnant à la page Instagram. Nassim Meziane précise que chaque participation est importante, même un petit message de soutien est très apprécié par toute l’équipe.

In The Heigts - TFE
Image de Fabrice Felez

Fabrice Felez

Après une enfance où mes loisirs sont centrés autour de la musique et de la danse, c’est tout naturellement que la comédie musicale se présente à moi. En parallèle de mes études de droit, je m’initie aux spectacles, tant modernes que plus traditionnels, qui font naître en moi une véritable passion. Cet élan me pousse à intégrer l’équipe de Musical Avenue pour partager mes découvertes et vous donner envie d’apprécier les trésors de la scène parisienne et française.
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