A quelques jours des premières dates de la comédie musicale magique William Arribart, Naufragé de l’Ile des Rêves, son producteur revient pour nous sur les origines du spectacle. Musical Avenue a rencontré un artiste passionné, prêt à nous faire rêver avec lui, et qui nous dévoile quelques secrets de fabrication.
Musical Avenue (M.A) : Peux-tu revenir sur ton parcours pour nos lecteurs ?
William Arribart (W.A) : Initialement je viens du monde de la magie, que j’ai commencé à pratiquer lorsque j’avais 6 ans. En grandissant et en créant mes propres spectacles, j’ai eu l’occasion de faire une petite tournée en Angleterre. C’est là que j’ai pu découvrir les comédies musicales, et j’ai immédiatement eu envie de faire ce genre de spectacle en France, en ajoutant ma touche personnelle magique.
Dès mes 18 ans j’avais envie de produire une comédie musicale magique, mais bien sûr, n’ayant pas de formation ou contact dans ce milieu, il a fallu construire ce projet petit à petit. En 2017, avec mon spectacle Le Magicien ensorcelé j’ai commencé à intégrer une chanson sur scène. Avec Le Sortilège des Neiges j’ai franchi une étape supérieure, en commençant à intégrer plusieurs chansons et des danseurs sur scène, même si tout n’était pas encore écrit comme une vraie comédie musicale. Cette fois-ci, avec Le Naufragé de l’Ile des Rêves, je veux proposer une véritable comédie musicale dans l’esprit des créations anglo-saxonnes, où le spectacle est porté par de véritables comédiens-chanteurs-danseurs.
M.A : Quelle histoire vas-tu raconter pour réaliser ce projet ambitieux ?
W.A : Le Naufragé de l’Île des Rêves fait écho à mes précédents spectacles. Bien sûr, ceux qui viendront nous découvrir pour la première fois comprendront l’histoire sans difficulté, mais j’essaie de trouver un fil conducteur entre mes shows. Le Magicien Ensorcelé (2017) racontait les débuts du personnage, et faisait un premier lien entre le monde réel et le monde du conte. Il ouvrait sur le spectacle Venez voir l’IMPOSSIBLE (2017), qui a été suivi par IRRÉEL (2018), puis du Sortilège des Neiges (2019), dans lequel la Princesse Anna a connu William Arribart grâce à un vieux tract au grenier (celui, justement, d’IRRÉEL). Ce dernier spectacle s’achève en mentionnant l’existence du « monde des rêves », que je vais explorer. On y retrouve également le personnage de Zol (déjà présent sur Le Sortilège des Neiges) qui a emménagé dans la grande barrière de corail, et qui fera le lien avec un prochain spectacle que j’espère produire en 2024.
Le public va donc suivre les aventures de William, qui navigue entre songes et réalité, et va vivre un bon nombre d’aventures en retrouvant ses amis. La thématique du rêve m’a toujours inspiré, je suis fasciné par cette dualité entre les univers onirique et réel, et les liens qu’ils entretiennent. Chacun a déjà vécu une expérience où il revit des événements de sa journée dans son rêve, plus ou moins consciemment et avec plus ou moins de fidélité à la réalité, c’est donc une sensation à laquelle le public pourra facilement adhérer. Le rêve permet l’évasion, la création, tout comme la magie qui fait rêver petits et grands, et qui amène de l’irréel dans notre monde matériel. Ce spectacle va donc proposer une réflexion sur ces thèmes.
M.A : Comment s’est déroulé le processus d’écriture pour ce spectacle?
W.A : Avec mon metteur en scène (Samuel Bousard), il nous fallait un point d’ancrage, créer un cadre de départ pour l’histoire. Lors de nos discussions, j’ai évoqué avec lui un rêve que j’ai fait étant enfant, et qui m’a particulièrement marqué. Il était question d’un bateau-pirate, de personnages fantastiques qui préparaient un anniversaire surprise avec un gâteau à la banane (que nous avons conservé comme un marqueur fort du nouveau spectacle), et d’une île d’aventures. Nous avons vite abandonné l’idée du bateau (parce qu’il y a déjà beaucoup de spectacles qui abordent le thème des pirates actuellement, et aussi pour des contraintes de décors), et nous nous sommes focalisés sur l’île et la grande cabane où tout le monde se retrouve. Avec ces éléments, Samuel s’est chargé de l’écriture des textes, et d’inclure un adversaire à la hauteur du récit, qui veut détruire la cabane pour y construire à la place un immense palais.
M.A : Comment as-tu choisi ton équipe créative pour cette création 100% originale ?
W.A : Globalement, ce sont les mêmes personnes qui m’entourent depuis 2015. Samuel Bousard s’occupe de la mise en scène et de l’écriture, Simon Orlandi a composé toutes les musiques et bandes instrumentales, à l’exception de la chanson que je jouerai seul au piano. Pauline Ho Van s’est chargée des paroles, j’y ai aussi participé activement pour pouvoir exprimer au mieux ce que je voulais transmettre à travers les personnages, et j’ai également écrit les paroles et la mélodie du numéro final.
Ce qui est difficile c’est qu’aucun de nous ne vient du monde de la comédie musicale. Les gens qui m’entourent sont les mêmes que ceux qui participaient à mes premiers shows de magie, ils ont donc été embarqués avec moi dans cette aventure et ont dû apprendre les codes de la comédie musicale. Nous sommes d’ailleurs allés à Londres voir plusieurs productions pour s’imprégner de ce monde, nous avons pu visiter des coulisses pour apprendre à organiser les accessoires ou les changements de décors par exemple. C’était une vraie aventure. Je ne vois toutefois pas comment j’aurai pu ne pas travailler avec eux, car ils comprennent parfaitement mes besoins pour intégrer les numéros de magie au spectacle, notamment les contraintes techniques que l’on a pu appréhender dès le stade de la création, pour que tout paraisse fluide et logique.
M.A : Avec ce processus, as-tu le sentiment d’avoir réussi à créer une vraie comédie musicale, au-delà d’un spectacle de magie?
W.A : C’est en tout cas l’objectif poursuivi. Le Naufragé de l’Ile des Rêves a été pensé dès le début comme une vraie comédie musicale magique, un spectacle d’un nouveau genre, mais qui raconte avant tout une histoire, et non comme une succession de numéros d’illusions. Dans Le Sortilège des Neiges, le pari est à moitié réussi, j’ai encore le sentiment que des effets visuels ne sont pas suffisamment bien intégrés au récit (avec des objets que l’on amène puis que l’on sort de scène lorsqu’on n’en a plus besoin). La réalité, c’est que ce show ne devait pas être un spectacle musical. J’avais juste écrit une chanson pour l’ouverture entre la grand-mère et la princesse, puis on en a ajouté une deuxième, une troisième, une quatrième… L’histoire et le spectacle étaient déjà bien avancés en termes de création. Cette fois, je voulais absolument éviter d’avoir des chansons trop descriptives ou pas suffisamment explicites pour le récit.
Pour Le Naufragé de l’Île des Rêves, on a pris chaque étape de création en focalisant sur le rendu musical. Nous avons d’abord décidé de l’histoire, des thématiques, puis nous avons écrit les textes. Ensuite, chaque partie de l’histoire a été retravaillée en nous demandant quelle était la meilleure façon de la raconter, que ce soit au travers de dialogues, de danses, de chansons, de magie, ou d’un mélange de plusieurs de ces éléments. Je pense que le résultat global est très cohérent ; les numéros de magie sont justifiés et viennent servir ou accompagner les personnages. Les décors aussi permettent de mieux dissimuler les apparitions, et finalement ils ne servent pas uniquement à un tour de magie mais s’intègrent à la scénographie. Ce spectacle est d’abord et avant tout une comédie musicale, et le résultat de mes expériences précédentes, avec en filigrane l’importance d’une histoire forte.
M.A : Ce spectacle va donc s’adresser à un très large public, bien au-delà des jeunes spectateurs ?
W.A : Il y a une double lecture pour cette comédie musicale. C’était déjà le cas sur mes précédentes créations, où j’ai eu des retours encourageants d’un public adolescent et adulte, qui se sentait concerné par les sujets abordés. Pour Le Naufragé de l’Île des Rêves, il y a bien sûr une partie destinée aux enfants ; ce sont les aventures sur l’île, avec des batailles, des combats d’ingéniosité, des coiffures et costumes très colorés, des chansons entraînantes, de la magie pour s’émerveiller (même si l’émerveillement n’a pas d’âge).
Mais il y a aussi une histoire plus sombre, plus inattendue, celle d’un jeune homme qui s’enferme dans ses rêves, qui cherche à s’évader de la réalité. Pour laisser une part de mystère, chacun pourra s’imaginer les raisons de cette fuite, du mal être qui le pousse à s’endormir pour rejoindre un monde plus réconfortant. Avec l’écriture de ce personnage central, le public pourra sonder les bienfaits (ou pas) de cette fugue, et faire des parallèles avec les questions d’exclusion, d’isolement ou du repli sur soi, voire des problèmes d’addictions. Comme toute comédie musicale, ce spectacle doit être vecteur d’émotions.
M.A : Comment vas-tu occuper tes prochains mois après les premières dates du spectacle début décembre ?
W.A : J’espère pouvoir proposer de nouvelles dates pour jouer le spectacle à Lyon, mais aussi à Paris et en tournée en France. Actuellement nous sommes six sur scène pour incarner 12 personnages. J’espère que le public réservera un accueil favorable à ce spectacle car j’ai encore d’autres idées pour l’étoffer, ajouter de nouvelles scènes pour en faire un spectacle d’1h30 ou même deux heures (contre 1h15 pour le moment), intégrer de nouveaux danseurs à la troupe. J’aimerais aussi prendre le temps de suivre une formation approfondie de comédie musicale, mêlant chant, danse et jeu d’acteur ; j’avais commencé il y a quelques années mais la crise Covid m’a freiné. Le Naufragé de l’Île des Rêves va se développer pendant deux ou trois ans, en parallèle avec Le Sortilège des Neiges qui a aussi de nouvelles dates. J’ai aussi en tête des spectacles à produire dans lesquels je ne jouerai pas forcément dedans, mais rien n’est encore vraiment décidé pour le moment.
Musical Avenue tient à remercier William Arribart pour cette interview ; si vous souhaitez en découvrir davantage, rendez-vous notamment sur la page Instagram pour découvrir les vidéos sur la création des décors, des costumes ou des chansons
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